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jeudi 30 mai 2019

La France d’Ancien Régime - Deuxième partie : la société des trois ordres aux XVIIème et XVIIIème siècles - 1) Le clergé

Pour lire la première partie, cliquez ici.
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Depuis le Moyen Âge, la société est divisée en trois ordres, correspondant à trois fonctions, selon Adalbéron de Laon[1] (mort vers 1030). 


Nota bene : la noblesse et le clergé, exemptés d’impôts, ne sont pas tous nécessairement riches ; le Tiers-Etat n’est pas totalement pauvre non plus. A titre d'exemples, certains nobles sont accablés de dettes. La plupart des curés ont à peine de quoi subsister. A l'inverse, dans le Tiers-Etat, on inclut des bourgeois potentiellement riches. L’Etat lui-même – la monarchie française – est pauvre, dans un pays pourtant riche, au XVIIIème siècle. 


1) Le clergé 


Adalbéron nomme cette catégorie les oratores ou orantes : ceux qui prient. Premier ordre de la France, cette catégorie regroupe l’ensemble des ministres du culte catholique. Le clergé est organisé en une hiérarchie, à partir du plus élevé : 

1-le pape, évêque de Rome, chef spirituel de l’Eglise catholique. 

2-les cardinaux, assistants du pape. 

              { -les archevêques, à la tête d’une province ecclésiastique. 

3-          { -les évêques, à la tête d’un diocèse. 

Clergé   { -les archiprêtres, s’occupant d’une paroisse importante. 

séculier { -les prêtres, à la tête d’une paroisse. 
              { -les archidiacres, assistant les archiprêtres. 
              { -les diacres. 
4-les moines et les religieuses (clergé régulier) 

C’est de fait un ensemble complètement hétérogène : d’une part, le clergé régulier est en effet mal perçu par les populations et même par le clergé séculier : on lui voue une forte hostilité due aux richesses des moines malgré leur nombre et à la détention plus ou moins importante des terres. Nous pouvons notamment citer l’exemple du vicaire de Fitignieu-en-Valromey dans le Bugey (Ain), qui rédige la chanson Contre les nobles en 1789. Dans cette chanson, un paragraphe dénonce les clercs, notamment les moines : « Il faudra réformer les fainéants de moines ; il faut aussi taper sur les gras chanoines. Les curés utiles nous seront conservés ; et les gens inutiles [c’est-à-dire le clergé régulier ici] seront tous supprimés[1]. » A l’abbaye de Saint-Sulpice, le dérèglement et la dissipation y règne. Les supérieurs qui ont tenté d’entreprendre des réformes sont insultés ou menacés. Sur 24 établissements dans l’Ain, il ne reste qu’environ 100 religieux – ce qui montre une crise grave pour les hommes, si on compare ce nombre avec celui des femmes : on recense en effet 300 religieuses en 1789. Celles-ci sont beaucoup moins sujettes aux reproches indiquées ci-dessus[2].

D’autre part, le clergé séculier connaît une autre disparité, en termes de richesse : le haut clergé (évêques, archevêques) perçoit souvent des revenus considérables (à titre d’exemple, le titre de l’archevêché de Lyon rapporte 50 000 livres[3] de revenus annuels, sans compter les cumuls de titres !) tandis que des curés et des vicaires, dans le bas clergé, ne gagnent que des sommes médiocres. 

Le clergé, exempté d’impôt (sauf le don gratuit qui, autrefois une contribution volontaire du clergé aux finances royales, est devenu obligatoire sous le règne de Louis XIV ; le don gratuit est ainsi imposé à l’ordre ecclésiastique tous les cinq ans), perçoit l’impôt en nature qu’est la dîme, c’est-à-dire le dixième des récoltes. 

Les modestes revenus perçus par les curés ont augmenté au fil des siècles : 
-à partir de 1690, les curés perçoivent seulement 300 livres. 
-à partir de 1768, ils perçoivent 500 livres. 
-à partir de 1786, ils en perçoivent 750. 

Certains cahiers de doléance de 1789 exigent que les revenus soient de 1200 livres pour les curés et de 700 livres pour les vicaires, ces derniers ne percevant que 350 livres[4]. 

Provinces ecclésiastiques de France à la veille de la Révolution de 1789



Pour lire la suite, cliquez ici.

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[1] Les pays de l'Ain et la Révolution : Exposition départementale itinérante. Bourg-en-Bresse, 1989, 82 pages. 
[2] ABBIATECI A. et PERDRIX P., Les débuts de la Révolution dans les pays de l'Ain, Bourg-en-Bresse, 1989, 223 pages. 
[3] Rappel : une livre valait 20 sous, soit 240 deniers. Elle équivaut à 2,50 euros aujourd’hui. SABOT T., La valeur des biens, niveau de vie et de fortune de nos ancêtres. Thisa, Collection Théma, 2012, 48 pages. 
[4] ABBIATECI A. et PERDRIX P., op. cit.

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