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lundi 16 décembre 2019

La France d’Ancien Régime - Troisième partie : la France sur le plan international - 1) La puissance militaire

Militairement, la France connaît des développements, notamment dans la marine et les fortifications. Sur le plan économique, Louis XIII puis Louis XIV mènent de nombreuses réformes pour une modernisation de certains secteurs. Enfin, c'est au XVIIème siècle que le royaume souhaite se constituer un empire colonial aux Amériques, tentant de combler son retard par rapport aux puissances espagnoles et britanniques.

1) La puissance militaire 

La France a un retard militaire indéniable au début du XVIIème siècle. Sous Louis XIII, on construit alors des nouveaux chantiers navals afin de développer la marine et de pouvoir rivaliser avec la marine anglaise et hollandaise : à Brest, la Flotte de l’Atlantique ou Flotte du Ponant, et à Toulon, la Flotte de la Méditerranée ou Flotte du Levant. 

La France participe à la Guerre de Trente Ans à partir des années 1620, dans une « guerre couverte » : elle et l’Espagne se combattent indirectement, dans des territoires neutres tels que l’Italie. Puis elle entre en guerre ouverte contre l’Espagne à partir de 1635. Louis XIII vise principalement les Pays-Bas espagnols. Mais le début de la guerre débouche sur une série de défaites françaises. La situation devient critique pour la France en 1636, « l’année de Corbie » : les Espagnols se sont emparés de la place forte de Corbie, en Picardie, la dernière sur la route de Paris. Louis XIII résiste, jusqu’à la sécession de la Catalogne et du Portugal qui affaiblit l’Espagne. 

La France remporte une victoire contre l’Espagne à la bataille de Rocroi, le 19 mai 1643. Pour la première fois, l’armée espagnole, qui dominait les champs de batailles en Europe, a été vaincue, mettant fin au mythe de l’invulnérabilité des Tercios. Mazarin poursuit cependant la guerre, qui se termine en 1659 par le traité des Pyrénées. A l’issue du traité, Philippe IV d’Espagne offre la main de sa fille à Louis XIV. 

Sous le règne du Roi-Soleil, la France passe en première position dans le domaine militaire. Elle comprend de grands spécialistes de guerres de siège dont le célèbre marquis de Vauban[1], qui dote les places fortes frontalières d’une « ceinture de fer » au détriment des remparts des autres villes à l’intérieur de la France. 

Louis XIV a mené quatre principales guerres : 
-la Guerre de Dévolution (1667-1668). 
-la Guerre de Hollande (1672-1678). 
-la Guerre de la Ligue d’Augsbourg (1688-1697). 
-la Guerre de Succession d’Espagne[2] (1700-1713). 
Malgré les victoires françaises et les annexions de territoires, la guerre quasi-continuelle a ruiné financièrement le pays. 





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[1] Selon une maxime : « Ville assiégée par Vauban, ville prise ; ville défendue par Vauban, ville imprenable. » 
[2] A la mort de Charles II d’Espagne, consanguin et stérile, deux prétendants peuvent revendiquer la couronne : les Habsbourg d’Autriche ou, plus proche, Louis XIV lui-même. Ce dernier confie l’Espagne à son fils Philippe, devenant Philippe V d’Espagne. Les autres souverains n’acceptent pas cet héritage. Le roi de France doit établir une règle en 1713 : les Bourbons d’Espagne sont exclus de la ligne successorale en France, séparant de fait le royaume de France et le royaume d’Espagne.

vendredi 20 septembre 2019

La France d’Ancien Régime - Deuxième partie : la société des trois ordres aux XVIIème et XVIIIème siècles - 2) La noblesse & 3) Le Tiers-Etat

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2) La noblesse 

Adalbéron de Laon a nommé cette catégorie les bellatores, pugnatores ou encore belligerantes, ceux qui combattent, chargés d’assurer la paix et la justice. Représentant 1% de la population, ils sont l’héritage nouveau de l’ancienne aristocratie barbare.

Sous l’Ancien Régime, on distingue la noblesse d’épée, les nobles occupant les traditionnelles fonctions militaires, de la noblesse de robe, les nobles récemment anoblis, depuis le XVII° siècle. La noblesse de cloche désigne quant à elle des roturiers qui ont été anoblis par une fonction administrative municipale.

On distingue plusieurs catégories, par ordre décroissant : 

-les princes de sang, membres de la famille royale 
-les ducs 
-les marquis 
-les comtes
-les vicomtes
-les barons
-les bannerets
-les chevaliers

3) Le Tiers-Etat

Laboratores, laborantes ou agricolantes : ceux qui travaillent (littéralement et respectivement, les laboureurs ; qui labourent ; qui travaillent dans les champs).
Cette catégorie paie les impôts et correspond à 98% de la population française. De ce fait, elle est extrêmement disparate :
-les bourgeois (terme dérivé de bourg, littéralement les habitants du bourg, de la ville) désigne la catégorie la plus riche (banquiers, commerçants, etc.) La plupart des bourgeois sont même plus riches que les nobles.
-les ouvriers et les artisans, dont la situation est très précaire.
-les paysans, les plus humbles (ou les plus pauvres), car souvent les impôts écrasants les accablent le plus. 


jeudi 30 mai 2019

La France d’Ancien Régime - Deuxième partie : la société des trois ordres aux XVIIème et XVIIIème siècles - 1) Le clergé

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Depuis le Moyen Âge, la société est divisée en trois ordres, correspondant à trois fonctions, selon Adalbéron de Laon[1] (mort vers 1030). 


Nota bene : la noblesse et le clergé, exemptés d’impôts, ne sont pas tous nécessairement riches ; le Tiers-Etat n’est pas totalement pauvre non plus. A titre d'exemples, certains nobles sont accablés de dettes. La plupart des curés ont à peine de quoi subsister. A l'inverse, dans le Tiers-Etat, on inclut des bourgeois potentiellement riches. L’Etat lui-même – la monarchie française – est pauvre, dans un pays pourtant riche, au XVIIIème siècle. 


1) Le clergé 


Adalbéron nomme cette catégorie les oratores ou orantes : ceux qui prient. Premier ordre de la France, cette catégorie regroupe l’ensemble des ministres du culte catholique. Le clergé est organisé en une hiérarchie, à partir du plus élevé : 

1-le pape, évêque de Rome, chef spirituel de l’Eglise catholique. 

2-les cardinaux, assistants du pape. 

              { -les archevêques, à la tête d’une province ecclésiastique. 

3-          { -les évêques, à la tête d’un diocèse. 

Clergé   { -les archiprêtres, s’occupant d’une paroisse importante. 

séculier { -les prêtres, à la tête d’une paroisse. 
              { -les archidiacres, assistant les archiprêtres. 
              { -les diacres. 
4-les moines et les religieuses (clergé régulier) 

C’est de fait un ensemble complètement hétérogène : d’une part, le clergé régulier est en effet mal perçu par les populations et même par le clergé séculier : on lui voue une forte hostilité due aux richesses des moines malgré leur nombre et à la détention plus ou moins importante des terres. Nous pouvons notamment citer l’exemple du vicaire de Fitignieu-en-Valromey dans le Bugey (Ain), qui rédige la chanson Contre les nobles en 1789. Dans cette chanson, un paragraphe dénonce les clercs, notamment les moines : « Il faudra réformer les fainéants de moines ; il faut aussi taper sur les gras chanoines. Les curés utiles nous seront conservés ; et les gens inutiles [c’est-à-dire le clergé régulier ici] seront tous supprimés[1]. » A l’abbaye de Saint-Sulpice, le dérèglement et la dissipation y règne. Les supérieurs qui ont tenté d’entreprendre des réformes sont insultés ou menacés. Sur 24 établissements dans l’Ain, il ne reste qu’environ 100 religieux – ce qui montre une crise grave pour les hommes, si on compare ce nombre avec celui des femmes : on recense en effet 300 religieuses en 1789. Celles-ci sont beaucoup moins sujettes aux reproches indiquées ci-dessus[2].

D’autre part, le clergé séculier connaît une autre disparité, en termes de richesse : le haut clergé (évêques, archevêques) perçoit souvent des revenus considérables (à titre d’exemple, le titre de l’archevêché de Lyon rapporte 50 000 livres[3] de revenus annuels, sans compter les cumuls de titres !) tandis que des curés et des vicaires, dans le bas clergé, ne gagnent que des sommes médiocres. 

Le clergé, exempté d’impôt (sauf le don gratuit qui, autrefois une contribution volontaire du clergé aux finances royales, est devenu obligatoire sous le règne de Louis XIV ; le don gratuit est ainsi imposé à l’ordre ecclésiastique tous les cinq ans), perçoit l’impôt en nature qu’est la dîme, c’est-à-dire le dixième des récoltes. 

Les modestes revenus perçus par les curés ont augmenté au fil des siècles : 
-à partir de 1690, les curés perçoivent seulement 300 livres. 
-à partir de 1768, ils perçoivent 500 livres. 
-à partir de 1786, ils en perçoivent 750. 

Certains cahiers de doléance de 1789 exigent que les revenus soient de 1200 livres pour les curés et de 700 livres pour les vicaires, ces derniers ne percevant que 350 livres[4]. 

Provinces ecclésiastiques de France à la veille de la Révolution de 1789



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[1] Les pays de l'Ain et la Révolution : Exposition départementale itinérante. Bourg-en-Bresse, 1989, 82 pages. 
[2] ABBIATECI A. et PERDRIX P., Les débuts de la Révolution dans les pays de l'Ain, Bourg-en-Bresse, 1989, 223 pages. 
[3] Rappel : une livre valait 20 sous, soit 240 deniers. Elle équivaut à 2,50 euros aujourd’hui. SABOT T., La valeur des biens, niveau de vie et de fortune de nos ancêtres. Thisa, Collection Théma, 2012, 48 pages. 
[4] ABBIATECI A. et PERDRIX P., op. cit.

mercredi 27 mars 2019

La France d’Ancien Régime - Première partie : l'apogée de la monarchie absolue - 3) Le règne sans partage du Roi-Soleil (1661-1715)

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Roi mécène, Louis XIV fait ouvrir plusieurs académies : l’Académie royale des sciences dès 1666, l’Académie royale de musique à partir de 1669 et l’Académie royale d’architecture en 1671, plus de 20 ans après la fondation de l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1648.

Le roi fait reconstruire et agrandir le château de Versailles, qui était un pavillon de chasse sous le règne de Louis XIII. La cour y est fixée dès 1682, lorsque le palais devient la résidence royale. La raison de ce choix est liée aux expériences de la Fronde : pour Louis XIV, demeurer à Paris est inenvisageable. De plus, ce choix lui permet de surveiller les nobles.

Parmi les ministres, le surintendant des finances Nicolas Fouquet ne rend pas de comptes au roi, qui finit par s’en méfier. Louis XIV le fait arrêter le 5 septembre 1661. Reconnu pour crime de péculat et de lèse-majesté, tous deux punissables de la peine de mort, Nicolas Fouquet est cependant emprisonné à la forteresse de Pignerol, où il meurt en 1680. 


Le roi lui-même préside son Conseil, où les ministres doivent lui rendre des comptes régulièrement. Il nomme Jean-Baptiste Colbert contrôleur général des finances en 1665, qui devient également secrétaire d’Etat à la Maison du Roi et à la Marine à partir de 1669. François-Michel Le Tellier, marquis de Louvois, devient secrétaire d’Etat à la Guerre à partir de 1662.


Les dragonnades persécutant les protestants à partir des années 1680 obligent la plupart de ces derniers à se convertir au catholicisme. Pensant que son royaume est devenu complètement catholique, Louis XIV révoque l’édit de Nantes par l’édit de Fontainebleau en 1685, retirant la liberté de culte aux Protestants. Par conséquent, des milliers de réformés (1% de la population française, surtout des savants), quittent le royaume pour partir à l’étranger, notamment en Suisse.

Deux majeures famines ont fait des ravages sous son règne : 
*La grande famine de 1693-1694, due à un hiver rigoureux et d’une récolte médiocre à cause d’un printemps et d’un été pluvieux, a provoqué la montée des prix des céréales et favorisé des épidémies. Selon l’historien François Lebrun[1], elle aurait causé environ 2 millions de morts, sur un total de 20 millions d’habitants. Mais sans compter la mortalité normale, le nombre de victimes est estimé à 1,3 millions selon Emmanuel Le Roy Ladurie.
*La grande famine de 1709 est due également à un hiver rigoureux. Celle-ci a causé environ 600 000 victimes et entraîné la crise financière de 1709.

Au début des années 1710, Louis XIV, très âgé, voit mourir presque toute sa famille, perdant ses fils, ses petits-fils et ses arrière-petits-fils excepté Louis duc d’Anjou. Ce dernier étant âgé de 2 ans en 1712, Louis XIV confie la régence à son neveu, Philippe d’Orléans.

Le Roi-Soleil s’éteint le 1er septembre 1715.



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[1] LEBRUN F., « Les crises démographiques en France aux XVIIe et XVIIIe siècles »in Annales. Economies, Sociétés, Civilisations, année 1980, volume 35, numéro 2 pp. 205-234. « Etant donné l’extension de la crise à presque tout le royaume, c’est sans doute 10 à 15% des Français qui disparaissent en deux ans, ce qui, compte tenu du déficit non récupéré des conceptions, correspond une chute brutale de la population de quelque 2 millions à 2 millions et demi d’habitants. », page 220.

mardi 26 février 2019

La France d’Ancien Régime - Première partie : l'apogée de la monarchie absolue - 2) Le ministère Mazarin au début du règne de Louis XIV (1643-1661)

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Anne d’Autriche évince Gaston d’Orléans et le prince de Condé du Conseil, les remplaçant par le cardinal Mazarin, un ami de Richelieu. Il est principalement visé par les nobles mécontents. Dès l’été 1643 s’organise ce qu’on appelle la Cabale des Importants, une conspiration cherchant à écarter Mazarin du ministère et à signer une paix avec l’Espagne. Ce dernier l’apprend rapidement et le rapporte à Anne d’Autriche. Les conspirateurs sont soit emprisonnés, soit exilés.
Pour financer la guerre, Mazarin adopte des nouveaux impôts et augmente ceux déjà existants : l’édit du Toisé, en mars 1644, vise à taxer les nouvelles constructions effectuées au XVII° siècle, tandis que la taxe des Aisés, établie en août 1644, impose les plus riches du royaume (ceux de Paris sont cependant exemptés). Un mois plus tard, l’édit du tarif prévoit l’augmentation des taxes sur les marchandises entrant dans Paris. Cet édit est finalement annulé en décembre 1644. 
Ces réformes fiscales engendrent des mécontentements, qui aboutissent à une révolte sévère : la Fronde. 

La Fronde est d’abord parlementaire (1648-1649) : le Parlement de Paris refuse d’enregistrer les édits fiscaux proposés par Mazarin. Celui-ci décide de mettre en place un impôt sur les détenteurs d’offices, somme équivalente au quadruple de la valeur de la Paulette (4/60 ou 1/15 de la valeur de l’office), le 29 avril 1648. Les cours souveraines de Paris se rassemblent alors dans la Chambre de Saint Louis et exigent le renvoi de Particelli et de Mazarin. Ce dernier leur promet de renvoyer Particelli et de diminuer la pression fiscale. En réalité, il prépare l’arrestation des meneurs de la Chambre de Saint Louis, qui a lieu le 26 août 1648. Suite à cela, les Parisiens se révoltent, obligeant Anne d’Autriche à libérer les parlementaires. La tension continue toutefois de peser à Paris, si bien que la famille royale se réfugie secrètement au château de Saint-Germain, quittant le Louvre dans la nuit du 5 au 6 janvier 1649. Aussitôt, la rumeur court que Mazarin a enlevé le roi. Le prince de Condé, fidèle à la régente, encercle Paris. La milice parisienne, après la nouvelle de l’exécution du roi Charles Ier d’Angleterre, se rend, dans la crainte d’être assimilée à ce régicide. Une paix est signée le 12 mars : la régente amnistie les principaux meneurs de la révolte. 

Suite à cette première Fronde se succède une Fronde princière (1649-1651), menée par le grand gagnant de la précédente : le prince de Condé. En effet, les prétentions de ce dernier s’accroissent et il entre en conflit avec Mazarin. Au début de l’année 1650, sur les conseils de ce dernier, la régente fait arrêter le prince de Condé, son frère le prince de Conti et son beau-frère le duc de Longueville. Des nobles se révoltent, non pas contre le roi mais contre le cardinal Mazarin. Très rapidement, le Parlement s’allie avec les princes contre le cardinal. Le 9 février 1651, il exige que Mazarin quitte le royaume, ce qu’il fait facilement. S’exilant à Bruhl, il continue en réalité de gouverner le royaume. L’apprenant, le prince de Condé se rend à Bordeaux et pactise avec l’Espagne. Il est dès lors considéré comme un traître aux yeux du roi.
L’armée de Condé parvient à se replier dans Paris avant que le général Turenne y met le siège en été 1652. Devenu impopulaire dans la capitale, Condé s’enfuit finalement le 13 octobre, se réfugiant dans les Pays-Bas espagnols.

Louis XIV, âgé de 16 ans, est sacré à Reims en 1654. 
En 1661, avant sa mort, Mazarin lègue toute sa fortune au roi de France et lui demande de maintenir ses créatures au gouvernement. Le lendemain de la mort de Mazarin, le 10 mars, le jeune roi annonce au Conseil qu’il entend régner seul. Par conséquent, il ne nomme pas de ministre principal et prend lui-même la tête du gouvernement.


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lundi 7 janvier 2019

La France d’Ancien Régime - Première partie : l'apogée de la monarchie absolue - 1) Les troubles nobiliaires sous Louis XIII

La monarchie absolue connaît son apogée en France, au même moment où elle est définitivement un échec en Angleterre . Elle doit cependant faire face à de nombreux troubles nobiliaires, qui s’achèvent sous le règne du roi-soleil Louis XIV (1643-1715). Le XVIII° siècle marque une période difficile pour la monarchie absolue, dont les principes sont remis en cause par les écrits des Lumières. 

A) L’apogée de la monarchie absolue

1) Les troubles nobiliaires sous Louis XIII

Louis XIII monte sur le trône à 9 ans, en 1610. Mineur, la régence est confiée à sa mère Marie de Médicis. Cette dernière, tout en maintenant les proches amis d’Henri IV au gouvernement, s’appuie également sur Concino Concini, lui-même marié avec Leonora Dori « Galigaï », une amie de la Reine Mère. Cette dernière parvient à calmer les tensions protestantes et catholiques, en confirmant l’édit de Nantes et en s’alliant avec l’Espagne : par le traité de Fontainebleau passé le 30 avril 1611, Elisabeth, fille d’Henri IV et de Marie de Médicis, est mariée au fils du roi d’Espagne Philippe III, et Louis XIII avec la fille du roi d’Espagne, Anne d’Autriche. Les Etats généraux, réunis en 1614, soutiennent cette politique de conciliation entre les catholiques et les protestants.

Le prince de Condé cherche cependant à entrer au gouvernement. Ses partisans prennent les armes en Champagne, dénonçant le pouvoir autoritaire et imputant les malheurs de la France à Concino Concini. Condé est finalement arrêté et emprisonné, mais ses partisans refusent d’obéir aux ordres royaux. 

Louis XIII, majeur, se débarrasse de Concini, car celui-ci dispose de trop de pouvoir.  Le 24 avril 1617, Concini est assassiné à coups de pistolet par le baron de Vitry, alors capitaine des gardes du corps. La femme du défunt, Léonora Galigaï, est accusée de sorcellerie et condamnée au bûcher le 8 juillet 1617. La Reine Mère est exilée au château de Blois. Mais elle s’enfuit en 1619, rassemblant des nobles mécontents. La « guerre de la mère et du fils » se termine le 16 août 1620, lors de la « drôlerie des Ponts-de-Cé » : après une courte bataille, le roi et la Reine Mère se réconcilient. 

Les Protestants, commandés par le duc de Rohan, se révoltent à la fin de 1620. Le roi parvient à écraser cette rébellion deux ans plus tard, contraignant le duc de Rohan à s’enfuir. Mais ils reprennent les armes deux fois, en 1625 et en 1627, le dernier conflit se terminant par le siège de la Rochelle, principale place forte des Protestants, d’août 1627 au 28 octobre 1628. Par la Paix d’Alès, Louis XIII retire les places de sûreté aux Protestants, leur ôtant tout pouvoir militaire, mais leurs droits religieux sont toujours garantis. 

A partir de 1624, Louis XIII réintègre le cardinal Richelieu  à son Conseil. Richelieu estime qu’il faut s’allier avec les princes protestants afin d’affaiblir les Habsbourg, alors que le Saint-Empire est en proie à la Guerre de Trente Ans, opposant catholiques et protestants. Marie de Médicis, à la tête du parti dévot , devient très rapidement l’ennemi de Richelieu et cherche à l’évincer. Au Palais du Luxembourg, lors de la « Journée des Dupes », les 10 et 11 novembre 1630, la Reine Mère demande à Louis XIII de disgracier Richelieu. Ce dernier, parvenant à entrer dans la chambre, tombe en larmes devant le roi qui, ne disant aucun mot, s’en va. Richelieu, persuadé de sa disgrâce, se rend aussitôt à Versailles afin de trouver le roi. Contre toute attente, Louis XIII lui accorde toute sa confiance. Les Dévots sont donc disgraciés et la Reine Mère est exilée en résidence surveillée dans le château de Compiègne. Elle s’enfuit en juillet 1631 et part pour le Saint-Empire. 

Gaston d’Orléans, frère du roi, l’héritier du trône  Louis XIII et Anne d’Autriche n’ayant pas encore d’enfant mâle  organise des complots afin de renverser Richelieu. En avril 1626, la conspiration du maréchal d’Ornano, proche du duc d’Orléans, est découverte en mai par Richelieu, disposant d’un réseau d’espions. L’apprenant, le roi fait arrêter d’Ornano, fait exécuter le comte de Chalais, et fait exiler plusieurs nobles, mais Gaston d’Orléans est pardonné. Mais ce dernier s’enfuit en 1631, s’installant à l’étranger et se mariant avec la fille du duc de Lorraine. Louis XIII fait aussitôt annuler ce mariage. Le gouverneur de Languedoc, Henri de Montmorency, se soulève contre Richelieu. Lors de la bataille de Castelnaudary, le 1er septembre 1632, il est capturé, puis exécuté à mort un mois plus tard. Louis XIII accorde à nouveau son pardon à son frère, mais ce dernier s’enfuit encore une fois en Lorraine. 

Richelieu fonde l’Académie française en 1634, une institution chargée de normaliser et de perfectionner la langue française. 

La reine Anne d’Autriche met au monde un enfant mâle le 5 septembre 1638 : Louis dit « Dieudonné ». Le 21 septembre 1640 naît un deuxième enfant : Philippe. La succession est dès lors assurée.

A nouveau, le frère du roi soutient une prise d’armes en 1640, organisée par le comte de Soissons, petit-cousin de Louis XIII. Le soulèvement est cependant maté à la bataille de La Marfée, le 6 juillet 1641 : en effet, le comte de Soissons, ayant l’habitude de relever la visière de son casque avec son pistolet, se tire accidentellement une balle dans la tête.
En 1642, Henri de Cinq-Mars et François-Auguste de Thou complotent avec les Espagnols afin de renvoyer ou assassiner Richelieu. Ce dernier, l’apprenant grâce à ses espions, en informe au roi, qui fait arrêter les deux nobles et les faire exécuter à Lyon, le 12 septembre 1642. 

Richelieu meurt malade le 4 décembre 1642. Louis XIII le suit peu après, le 14 mai 1643. Avant sa mort, il prépare la régence : Anne d’Autriche devient régente et Gaston d’Orléans est nommé chef du Conseil du Roi. 



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