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mercredi 31 octobre 2018

La France de la Renaissance (XVI° siècle) - Troisième partie : l'avènement des Bourbons

Pour lire la deuxième partie du chapitre, cliquez ici.
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C) L'avènement des Bourbons

1) Un retour à la paix

Aussitôt roi, Henri IV annonce sa conversion au catholicisme. Il remporte plusieurs batailles contre les catholiques: la bataille d’Arques (21 septembre 1589), d’Ivry (14 mars 1590), etc.
Le prétendu Charles X meurt le 9 mai 1590. Les Ligueurs veulent offrir la couronne à Isabelle Claire Eugénie, fille de Philippe II d’Espagne, ce qui est mal acceptée car c’est une femme, de surcroît, étrangère. Le 25 juillet 1593, Henri IV occupe Saint-Denis, abjure le protestantisme et se convertit au catholicisme. Le 27 juillet 1594, il est sacré à Chartres.
Il rallie tous les Français à partir de 1598 ; il signe l’édit de Nantes, le 30 avril 1598, introduisant la liberté de culte en France : les protestants peuvent célébrer leur culte dans leurs places de sûreté.
La guerre avec l’Espagne se termine le 2 mai 1598. Le 17 janvier 1601, Henri IV signe le Traité de Lyon avec le duc de Savoie, obtenant la Bresse, le Bugey, le Pays de Gex et la Valromey.

La paix désormais établie, il faut néanmoins la consolider. En 1598, Henri IV fait annuler son mariage avec Marguerite de Valois qu’il ne voyait plus depuis le massacre de la Saint-Barthélemy, et épouse Marie de Médicis le 5 octobre 1600. Louis, le dauphin, naît le 27 septembre 1601. Le 24 avril 1608 est né un second fils, Gaston, duc d’Orléans. La continuité dynastique est assurée.
Henri IV est assisté par son ami Maximilien de Béthune, duc de Sully, mais également par Nicolas Brulart de Sillery, Nicolas IV marquis de Villeroy, « Président Jeannin » et Pomponne de Bellièvre.
Afin de reprendre en main la noblesse, il met en place un système de récompense, et rachète les fiefs des nobles endettés. Il cherche en outre à interdire les duels, qui se traduisaient par un refus de la justice royale.

2) Les progrès socio-économiques

Sully aide son roi à restaurer les finances, et donc à réduire la dette. Le roi lui confie plusieurs titres et en échange, Sully lui prête ses revenus.
La taille est réduite à plusieurs reprises, mais les taxes indirects augmentent discrètement.
Enfin, les officiers doivent payer un impôt annuel au roi : la paulette, représentant 1/60ème de la valeur de l’office.
Les réformes fiscales portent leur fruit : les recettes dépassent les dépenses à la fin des années 1600.

Henri IV, soucieux du bien-être des paysans[1], entreprend une rénovation de l’agriculture. Il encourage ainsi la diffusion du livre d’Olivier de Serres, Le Théâtre d’Agriculture et mesnages des champs, édité en 1600. Des ingénieurs agricoles et des agronomes étrangers viennent en France livrer leur savoir-faire à certaines provinces.
L’activité textile est relancée alors que l’activité minière connaît son essor.
Cependant, les paysans demeurent dépendants des conditions climatiques, qui s’aggravent au début du XVII° siècle : les hivers sont souvent rigoureux, les étés trop pluvieux, etc. Les rendements agricoles sont donc insuffisants ; les prix sont trop élevés.
Henri IV entreprend également la reconstruction, voire la construction de nouvelles villes. Sully fait ainsi construire Henrichemont dans le centre de la France.


En 1610, la guerre contre les Habsbourg est sur le point d’être lancée. Henri IV, avant de partir pour le Saint Empire, se rend à la messe le 14 mai. Il rend visite à son ami Sully qui est malade, avant d’être assassiné dans son carrosse par Ravaillac. Ce dernier est saisi vivant, soumis à la torture, jugé, puis exécuté par écartèlement – le supplice du régicide.



[1] Durant son règne, il disait souvent : « Si Dieu me donne encore de la vie je ferai qu’il n’y aura point de laboureur en mon Royaume qui n’ait moyen d’avoir une poule dans son pot. »

lundi 1 octobre 2018

La France de la Renaissance (XVI° siècle) - Deuxième partie : les Guerres de Religion

Pour lire la première partie du chapitre, cliquez ici.
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B) Les Guerres de Religion

1) La diffusion du luthéranisme

Martin Luther (1483-1546), un prêtre allemand, est à l’origine de la Réforme protestante.

La question du rôle des œuvres accomplies par l’homme dans son salut se posant depuis le V° siècle, Luther se penche sur la prééminence de la Grâce de Dieu dans le salut. Assistant à la vente des indulgences papales[1] qui permet de financer la construction de la basilique Saint-Pierre de Rome, il s’insurge et envoie ses 95 thèses contre les indulgences au pape. En réponse, celui-ci lui envoie des théologiens tels le cardinal Cajetan en 518 et Johann Eck en 1519. Cependant, les idées de Luther se diffusent rapidement, grâce à l’imprimerie[2]. Luther va plus loin, en publiant quatre traités théologiques. Le pape lui demande de se rétracter, mais il refuse. Il est donc excommunié en décembre 1520.

Les Luthériens adoptent la Confession d’Augsbourg en 1530, qui établit trois principes :
-la justification par la foi du fidèle
-le sacerdoce universel, qui implique l’égalité des chrétiens par le baptême, les rendant tous prêtres
-la Bible, seule autorité.
Ils conservent trois des sept sacrements catholiques : le baptême, la pénitence et l’eucharistie. Le mariage n’étant plus un sacrement, le divorce devient possible. La Bible doit être traduite en langue vulgaire, c’est-à-dire dans la langue nationale, et non en latin, afin que le fidèle puisse avoir accès aux Écritures. Les saints ne sont en outre pas reconnus par les luthériens.


2) Les hésitations des rois de France…

Bien que le Parlement[3] de Paris ait imposé une censure sur la publication d’ouvrages à thème religieux (interdite sans l’accord préalable de la Faculté de Théologie) au début des années 1520, François Ier s’est en premier lieu montré très tolérant : ainsi protège-t-il le Cercle de Meaux, composé d’érudits humanistes partisans de l’évangélisme[4] qui cherchent notamment à traduire la Bible en langue vulgaire. Après la défaite de Pavie et pendant la captivité de François Ier en 1525, le Parlement de Paris prend des décisions plus sévères à l’égard des Protestants.
Malgré un retour à une tolérance lors du retour du roi, les luthériens français détruisent les images de la Vierge et des Saints, de nuit, à Paris en 1528. Les catholiques s’imposent des processions expiatoires, pour obtenir le pardon de Dieu.

En 1534 a lieu l’Affaire des Placards : les protestants font imprimer un texte, dénonçant la messe catholique qu’ils dénomment « la messe papale », et les font afficher dans les principales villes au nord de la France, même jusqu’à la porte de la chambre du roi au château d’Amboise. Considérant cet acte comme un crime de lèse-majesté, François Ier soutient la répression visant à exterminer la secte luthérienne. Des autodafés ont lieu, où on brûle non seulement les livres luthériens mais également leurs propriétaires. En conséquence, beaucoup de Protestants s’exilent vers le Saint-Empire, où des princes se sont convertis au luthéranisme, ou en Suisse. 



De Genève, Jean Calvin développe des réformes religieuses à partir de 1541. Ses idées se diffusent notamment en France. Tout comme le luthéranisme, le calvinisme rejette la Tradition (les écrits des Pères de l’Eglise, comme Saint Augustin, et les principes imposés par l’Eglise) et ne reconnaissent donc ni la Vierge, ni les Saints. Contrairement aux luthériens et aux catholiques, l’eucharistie n’est pas « réactualisée » : le Christ n’est présent que spirituellement grâce à l’action du Saint-Esprit. Par ailleurs, Calvin impose l’idée d’un peuple élu et d’une double prédestination : Dieu a déjà choisi, de toute éternité, les hommes qui seraient sauvés ainsi que ceux qui seraient damnés. Il développe enfin une structure ecclésiastique non sacrée, un système presbytéro-synodal :
-à l’échelle locale, le Consistoire composé de Pasteurs (des hommes capables d’expliquer les Écritures et la doctrine calviniste aux fidèles), de Diacres (qui collectent de l’argent pour les donner aux pauvres), des Anciens (dont la fonction est non seulement de faire fonctionner l’Eglise locale mais également de surveiller les mœurs).
-à l’échelle régionale, le synode provincial, composé de représentants des Consistoires (généralement un Pasteur et un Ancien)
-le cas échéant, un synode national, composé lui-même de représentants des synodes provinciaux.

En 1543, la Faculté de théologie de Paris publie un texte de 29 articles sur la foi catholique, que François Ier transforme en loi du royaume. En 1545, à la tête d’une troupe, il écrase la dissidence « vaudoise » dans le Luberon. Plus d’une centaine de luthériens y sont pendus.
Henri II (1547-1559) poursuit la politique de son père François Ier. Il met en place un tribunal à Paris, afin de juger les hérétiques, qu’on appelle « la Chambre ardente » puisque les audiences se tenaient dans une pièce sombre, éclairée par des bougies ou des torches, et les condamnés sont brûlés. L’édit de Châteaubriant (1551) contrôle et censure la production de l’imprimé. L’Eglise catholique tend à se réformer pendant le Concile de Trente (1545-1563). Le roi se charge de faire diffuser les décisions du concile.
Malgré ces mesures sévères, le calvinisme se développe. Le 13 mai 1558, les protestants se rassemblent au Pré-aux-Clercs à Paris pour chanter des psaumes. On y retrouve notamment des nobles, dont des princes du sang comme Louis de Bourbon, prince de Condé, et Antoine de Bourbon, roi de Navarre, convertis à la foi protestante. On estime à cette époque 2 millions de Protestants sur 20 millions d’habitants en France (soit 1/10 de la population).

Les Protestants projettent d’enlever le roi François II (1559-1560). Mais leur complot est rapidement découvert et le roi, se trouvant au château de Blois, se réfugie à Amboise. De là, il ordonne l’arrestation des nobles protestants prenant part au complot. Il fait exécuter La Renaudie, chargé d’enlever le roi et la reine, ainsi que les principaux conspirateurs. Il amnistie les autres nobles, dont le prince de Condé.
François II se rapproche de sa mère Catherine de Médicis, cherchant la conciliation. Il promulgue l’édit d’Amboise, amnistiant les conspirateurs protestants, ouvre la voie vers la liberté de conscience, et nomme Michel de l’Hôpital, favorable à une politique de conciliation, chancelier. Cependant, François meurt à la fin de l’année 1560. Son frère Charles IX, âgé de dix ans, devient roi. Catherine de Médicis, régente pendant la minorité de Charles IX, poursuit cette politique d’entente entre catholiques et calvinistes. Mais le colloque de Poissy (1561) réunissant les deux confessions est un échec et les tensions s’accentuent. Un édit de tolérance autorise le culte protestant à partir de janvier 1562.


3) … menant à des conflits sanglants

Malgré cette politique de tolérance, le premier massacre de protestants perpétré par des catholiques a lieu à Vassy le 1er mars 1562. La Première Guerre de Religion commence : les Protestants, soutenus par la monarchie anglaise, combattent les Catholiques, assistés par la monarchie espagnole. Ils cherchent à s’emparer des villes. Lors du siège d’Orléans, le 18 février 1563, le duc de Guise, catholique, est assassiné par un protestant. Charles IX parvient à imposer une paix le 19 mars 1563.

Le prince de Condé organise une nouvelle conspiration, ce qu’on appelle la Surprise de Meaux en 1567 afin d’enlever le roi. Charles IX se réfugie à Paris, mais une nouvelle guerre civile éclate. Le 30 mai, la Michelade a lieu à Nîmes : un massacre de 90 catholiques (notamment des clercs) par des protestants. Une paix brève est signée le 23 mars 1568, mais elle se termine en août de la même année. Lors de la Bataille de Jarnac, le 13 mars 1569, le Prince de Condé est assassiné à son tour par un catholique. La paix revient le 8 août 1570. Charles IX accorde aux protestants des places de sûreté (par exemple, Le Port de La Rochelle, Montauban, etc.) Catherine de Médicis organise un mariage entre Marguerite de Valois et Henri de Navarre, protestant, célébré le 18 août 1572.
L’amiral protestant Gaspard II de Coligny cherche toutefois à faire intervenir la France dans les Pays-Bas espagnols afin d’affaiblir le roi d’Espagne Philippe II. Les tensions entre les deux partis s’accentuent à nouveau. Le 22 août, L’amiral de Coligny est blessé au bras par une balle d’arquebuse, victime d’un attentat. Se sentant menacé, le roi, lui promettant d’abord de pourchasser le criminel, décide finalement d’éliminer les chefs protestants. Cette décision dérive en un massacre de milliers de protestants, perpétré par les catholiques dans la nuit du 23 au 24 août.
Le 26 août, le roi endosse la responsabilité de l’exécution des chefs protestants.

Les affrontements reprennent, se terminant le 11 août 1573, mais reprenant moins d’un an plus tard. Le 30 mai 1574, Charles IX meurt malade. Son frère Henri III (1574-1589) lui succède. Un tiers parti se forme, entre les catholiques et les protestants : les « Malcontents », dirigés par le dernier frère du roi, François d’Alençon (duc d’Anjou), partisans d’une entente avec les réformés. Après la cinquième guerre de religion (1574-1576), une paix est signée entre les différents camps. A l’image de l’Organisation du Midi créé par les protestants, les catholiques fondent la Ligue de Péronne avec pour chef le duc de Guise, puis Henri III lui-même. Deux nouvelles guerres ont lieu à la fin des années 1570.
Le roi fonde l’Ordre du Saint-Esprit le 31 décembre 1578, premier ordre de la France et dont les grands-maîtres sont les monarques.
Le dernier frère du roi meurt toutefois en 1584. Celui-ci n’ayant pas d’enfant, François d’Alençon était en effet censé lui succéder. Se pose le problème de la succession : le plus proche héritier est Henri de Navarre. Or, ce dernier est protestant. Les Ligueurs ne veulent pas le reconnaître et traitent avec le roi d’Espagne afin que celui-ci finance leur armée. Le 30 mars 1585, ils publient le manifeste de Péronne, expliquant qu’un protestant ne peut revendiquer la couronne du royaume de France. Henri III finit par céder en signant l’édit de Nemours le 18 juillet, excluant les protestants des droits à la couronne.

La Huitième Guerre de Religion débute en 1585. Celle-ci, bien plus longue que les précédentes, ne se finit qu’en 1598. La situation échappe au roi, ayant perdu tout soutien. Le duc de Guise est reconnu par la Ligue comme le sauveur de la foi catholique. Henri III tente maladroitement d’interdire son entrée triomphale à Paris, en avril 1588. Le duc de Guise y parvient toutefois. Les Parisiens se révoltent contre le roi le 12 mai 1588, forçant ce dernier à quitter la capitale. Otage de la Ligue, il se soumet à leurs requêtes. Il signe donc l’édit d’Union le 15 juillet, confirmant qu’un protestant ne peut accéder à la couronne de France.

Le 23 décembre 1588, Henri III convoque le duc de Guise dans ses appartements. Une fois entré, les gardes se jettent sur le duc et le tuent. Le lendemain, le roi ordonne l’exécution de ses frères, dont le cardinal de Lorraine. Chez les catholiques, le duc de Guise et son frère sont perçus comme des martyrs. Ils ne reconnaissent plus Henri III comme leur roi, l’appelant « Henri de Valois », « le tyran ».
Par conséquent Henri III s’allie avec les protestants, donc avec Henri de Navarre, contre la Ligue catholique. Leurs armées encerclent Paris à partir de l’été 1589. Mais Henri III est assassiné[5] à Saint-Cloud, dans sa tente, par le moine Jacques Clément, le 1er août. Ce dernier est tué par les gardes, puis son corps est écartelé post-mortem.
Avant sa mort, Henri III lègue le royaume à Henri de Navarre, devenant Henri IV, alors que les Ligueurs reconnaissent le cardinal de Bourbon comme leur roi, sous le nom de Charles X.


Pour lire la troisième partie, cliquez ici.


[1] Dans l’Eglise catholique, l’indulgence est la rémission totale ou partielle de la peine temporelle, réduisant ainsi le temps passé au Purgatoire.
[2] L’imprimerie est inventée par Johannes Gensfleisch, ou Gutenberg, en 1450. Elle se diffuse dans toute l’Europe en 50 ans.
[3] Contrairement en Angleterre, où le Parlement est devenu une assemblée législative, le Parlement français de l’Ancien Régime est une instance judiciaire enregistrant les lois.
[4] Confession chrétienne s’approchant explicitement du protestantisme.
[5] Pour la première fois, depuis l’avènement des Capétiens, un roi de France est assassiné. A ce premier régicide s’ajoutent trois autres, selon les royalistes :
-l’assassinat d’Henri IV par Ravaillac en 1610.
-l’exécution de Louis XVI, sa mort votée par la Convention Nationale, en janvier 1793.
-La mort de Louis XVII, fils de Louis XVI, emprisonné dans de mauvaises conditions dans un cachot à la Tour du Temple, en juin 1795.

jeudi 6 septembre 2018

La France de la Renaissance (XVI° siècle) - Première partie : le règne de François Ier (1515-1547)

La France sort agrandie de la Guerre de Cent Ans. La place du roi est désormais incontestée : il est empereur dans son royaume, seul Dieu est supérieur à lui. La monarchie absolue[1] se met progressivement en place, mais celle-ci s’officialise à partir du XVII° siècle. L’expression « le roi est mort, vive le roi » apparaît, ce qui veut dire que la royauté ne meurt jamais et, à la mort d’un monarque, le pouvoir se transmet automatiquement et continuellement de père en fils, ou à défaut au plus proche parent mâle (le petit-fils, sinon le frère aîné, sinon encore un cousin).
Le royaume n’en demeure pas moins homogène. Le français n’est guère parlé de partout. Dans les campagnes, on parle plutôt dans des dialectes ou des patois, rendant difficile la communication entre différentes régions.

Les recettes fiscales sont insuffisantes par rapport aux dépenses. Par conséquent, la monarchie doit soit augmenter les impôts locaux, soit emprunter, tout en envisageant de rembourser l’emprunt plus tard, au risque d'accroître la dette.


A) Le règne de François Ier (1515-1547)

1) Un roi guerrier

A partir de Charles VIII (1483-1498), les souverains français revendiquent les territoires d’Italie, devenue le théâtre des opérations françaises depuis 1494, jusqu’à 1559 (on compte ainsi onze guerres d’Italie au total). Louis XI a hérité des droits sur royaume de Naples après la mort de René d’Anjou. Au début de son règne, François Ier remporte la célèbre bataille de Marignan le 14 septembre 1515, à l’issue de laquelle il demande à être armé chevalier par Bayard, le chevalier sans peur et sans reproche.

Cette victoire lui garantit son emprise sur le Milanais, tout en abandonnant ses droits au royaume de Naples. Charles Quint, qui revendique les droits sur la Bourgogne, souhaite contrecarrer les ambitions expansionnistes de François Ier. Ce conflit entre Valois et Habsbourg dure jusqu’en 1559.

En 1525, François Ier tente de reconquérir le Milanais perdu. Sa campagne aboutit au désastre de Pavie, le 24 février. Il est emprisonné à Valence, et libéré un an plus tard en échange d’une rançon. Les deux partis signent la paix de Cambrai en 1529 : François Ier conserve la Bourgogne, mais renonce à l’Artois, la Flandre, le duché de Milan et le royaume de Naples, et doit payer 1 000 000 écus en échange de la libération de ses deux fils.
A partir de 1536, la guerre reprend avec le Saint-Empire. Le pape Paul III intervient, incitant les deux souverains à faire la paix, ce qu’ils font le 18 juin 1537 puis le 15 juillet 1538. Le conflit éclate à nouveau en 1542, aboutissant à la paix en 1544 qui fait renoncer François Ier à sa suzeraineté sur l’Artois, la Flandre, le Milanais et Naples, mais conserve la Savoie et le Piémont, tandis que Charles Quint renonce à la Bourgogne.

2) Un roi de bon vivant

François Ier « mange et boit beaucoup[2] ». Les repas royaux sont devenus publics sous son règne. Par ailleurs, il se procure de nombreuses maîtresses, comme Anne de Pisselieu et Françoise de Poix. Il dit souvent : « Une cour sans femmes, c’est comme un jardin sans fleurs ». Il participe à la chasse, loisir dont seuls les nobles avaient le privilège.

Il fait construire ou reconstruire de nombreux châteaux à des fins résidentielles, tels le château de Chambord dont le plan est établi par le célèbre peintre, ingénieur et architecte italien Léonard de Vinci, ou encore celui de Fontainebleau. Il entreprend ainsi de nombreux séjours dans différents lieux. La cour, suivant le roi, est par conséquent itinérante. Elle entretient environ des dizaines de milliers de chevaux.

3) Un roi centralisateur
La France en 1500. En bleu, le domaine royal (comparer sa superficie avec celles de 987 et de 1228). En indigo, les vassaux du royaume. En rouge, Calais, toujours sous l’occupation anglaise.

Sur la carte ci-dessus, il faut remarquer que le domaine royal s’est considérablement agrandi, et il grandit encore sous François Ier, au point que la notion de domaine royal se confond quasiment à celle du royaume.

Sur le plan religieux, François Ier signe le concordat de Bologne avec le pape Léon X en 1516. Le roi seul peut nommer les évêques et les abbés du royaume de France ; ils ne sont plus élus par les chapitres cathédraux. Cela renforce l’autorité royale, car les ecclésiastiques doivent leur place à la seule volonté du monarque.
Les curés doivent tenir des registres paroissiaux recensant les baptêmes, les mariages et les sépultures (BMS).

François Ier fait enfin imposer la langue française dans tout le territoire français. Par l’édit de Villers Cotterêts, en 1539, le français devient la langue officielle du royaume. Ainsi, les actes officiels doivent être écrits en français.


Pour lire la deuxième partie, cliquez ici.


[1] Régime politique où le roi exerce la pleine souveraineté de son royaume, tenant son pouvoir de Dieu. Il doit néanmoins respecter les lois fondamentales du royaume, à savoir la succession par primogéniture masculine, la préservation de l’intégrité du territoire (il lui est interdit de vendre ou céder une partie de son royaume), défendre la foi catholique et respecter les privilèges locales.
[2] Nicolo Tommaseo, Relation des ambassadeurs vénitiens sur les affaires de France au XVI° siècle, Paris, Imprimerie Nationale, 1838. Relation de Marino Cavalli.

vendredi 3 août 2018

Le Moyen Âge Tardif (ou Bas Moyen-Âge) (1337-1492) - Troisième partie : la réunification du royaume

Pour lire la deuxième partie du chapitre, cliquez ici.
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C) La réunification du royaume

1) L’épopée de Jeanne d’Arc

Jeanne d’Arc, jeune fille de 17 ans, entendant des voix la commandant de libérer la France, se rend à Chinon en 1428, où le roi Charles VII (1422-1461) s’y trouve. Elle le persuade de reprendre la guerre contre les Anglais. A la tête d’une armée, elle libère Orléans des Anglais, puis récupère Reims. Le roi y est sacré le 17 juillet 1429, assurant ainsi sa légitimité aux yeux de tous. Henri VI, imitant Charles VII, se fait toutefois sacrer roi de France à Notre-Dame de Paris en 1431.
Malgré les avancées françaises, Jeanne d’Arc est capturée à Compiègne par les bourguignons qui la vendent aux Anglais en 1430. Ces derniers mettent en place un procès pour l’accuser d’hérésie. On lui reproche notamment de s’habiller avec des vêtements masculins, d’avoir quitté ses parents sans leur permission, et de s’en remettre à Dieu plutôt qu’à l’Eglise. Après avoir été menacée du bûcher, elle cède, avant de se rétracter et de s’habiller à nouveau comme un homme. Jugée comme relapse – retombée dans ses erreurs – , elle est condamnée au bûcher, qui a lieu le 30 mai 1431.
Elle est par la suite réhabilitée en 1456, à l’instigation de Charles VII.

2) La fin de la Guerre de Cent Ans

Charles VII entre dans Paris en 1436, puis entreprend la reconquête du reste de la France. Il met en place une armée permanente. La Normandie est reconquise en 1450, la Guyenne en 1453. C’est théoriquement la fin de la Guerre de Cent Ans. En réalité, la paix n’est officiellement déclarée que le 29 août 1475 par le traité de Picquigny. Seule Calais est aux mains des Anglais. Elle n’est reconquise que sous Henri II (1547-1559), 100 ans plus tard, en 1558.
Les rois d’Angleterre se proclament rois de France à plusieurs reprises, sans répercussions majeures. Ils sont surtout confrontés à une guerre civile, la Guerre des Deux Roses (1455-1485) entre les York (avec comme symbole une rose blanche) et les Lancastre (une rose rouge), deux familles royales.

3) La défaite des Bourguignons

En 1430, Charles VII cherche en premier lieu à apaiser les Bourguignons. Les deux partis se réconcilient à l'issue du traité d’Arras en 1435 : le duc de Bourgogne reconnaît le roi de France comme seigneur, mais il dispose d’une certaine indépendance.

Louis XI (1461-1483), souhaitant s’emparer de ces terres, lève une armée pour contraindre la duchesse de Bourgogne Marie, fille de Charles le Téméraire, à épouser un de ses fils. Elle résiste, se repliant dans les Pays-Bas bourguignons.

La Bourgogne en elle-même est conquise par le roi de France. Marie se marie avec le futur empereur germanique Maximilien de Habsbourg (1508-1519) en 1479. Ils ont deux enfants : Philippe de Habsbourg et Marguerite d’Autriche, célèbre pour avoir fait construire le monastère de Brou à Bourg-en-Bresse, de 1506 à 1532.
Philippe de Habsbourg épouse Jeanne, dite la Folle. Leur fils aîné, Charles devient en 1516 roi d’Espagne par sa mère et est élu empereur germanique, sous le nom de Charles Quint (1519-1558) en 1519, devenant ainsi le souverain le plus puissant d’Europe à cette époque[1].




[1] Il détient non seulement le Saint-Empire Romain, mais également l’Espagne et ses colonies aux Amériques, les Pays-Bas et Naples.

mercredi 27 juin 2018

Le Moyen Âge Tardif (ou Bas Moyen Âge) (1337-1492) - Deuxième partie : le royaume de France divisé

Pour lire la première partie du chapitre, cliquez ici.
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B) La France divisée

1) Les réformes de Charles V (1364-1380)

A la fin du règne de Jean II le Bon, le royaume est confronté à plusieurs troubles, dont la révolte menée par le prévôt des marchands Etienne Marcel à Paris en 1356. Celui-ci soutient la faction de Charles le Mauvais, prétendant au trône par sa mère Jeanne de Navarre, fille de Louis X. Après le massacre de maréchaux, le dauphin Charles quitte la capitale avant d’en faire le siège. Etienne Marcel fait appel aux Jacques (paysans révoltés) et à des mercenaires, qui font rapidement peur aux Parisiens. La révolte prend fin avec l’assassinat d’Etienne Marcel le 31 juillet 1358 et l’entrée triomphale du dauphin dans la capitale le 2 août. Il épargne la population parisienne, faisant exécuter seulement quinze personnes pour trahison.
Sous son règne, Charles V entreprend de nombreuses réformes militaires, en faisant notamment recruter des compagnies soldées, comme en Angleterre. En outre, l’armée est commandée par un brillant stratège, Bertrand Du Guesclin, qui parvient à reprendre pour la France un certain nombre de villes tels Blois, Périgord et Quierzy.
2) Les factions Armagnacs et Bourguignons

Pendant la minorité de Charles VI (1380-1422), deux partis se forment progressivement :
-le parti Armagnac (appelée ainsi par leurs adversaires), avec à sa tête la maison d’Orléans suivie de princes de sang, que les campagnes soutiennent.
-le parti Bourguignon, avec à sa tête les ducs de Bourgogne, d’abord Philippe le Hardi puis Jean Sans Peur, soutenu par les villes.

En 1392, Charles VI, à la tête d’une troupe marchant en direction de la Bretagne, est apostrophé par un vieillard en haillons dans le Mans : « Ne chevauche pas plus avant, noble roi, tu es trahi ! » Plus tard, alors qu’une chaleur accable les soldats, un page s’endormant sur son cheval lâche sa lance, produisant un terrible fracas. Réveillé en sursaut, Charles VI se croyant menacé par des ennemis s’en prend à son escorte. Alors qu’on parvient à le calmer après qu’il ait tué quatre de ses hommes, il s’évanouit. Le reste de son règne est marqué par une alternance entre crises de folie et périodes de rémission.

Sa folie s’aggrave à la suite du Bal des Ardents. Cette fête étant organisée en 1393 à l’Hôtel Saint-Paul à Paris pour les noces d’une demoiselle d’honneur de la reine Isabeau de Bavière, le roi et cinq chevaliers se déguisent en sauvages, déguisement faits en plumes et de poix, tous enchaînés excepté le souverain. Bien qu’on ait ordonné d’éteindre toutes les torches, le duc d’Orléans arrive au milieu du bal avec des torches. Afin de mieux voir les costumes, il s’approche des danseurs, mettant alors le feu à ces derniers. La duchesse de Berry sauve Charles VI en l’enveloppant dans sa robe tandis que les autres continuent à brûler. Ogier de Nantouillet survit en se libérant de sa chaîne et en se jetant dans un cuvier. Le comte de Joigny meurt sur le coup, tandis qu’Yvain de Foix et Aimery de Poitiers meurent deux jours plus tard. Hugonin de Guisay rend l’âme le troisième jour[1].

Ce conflit entre Armagnacs et Bourguignons dérive en une guerre civile après l’assassinat de Louis duc d’Orléans. Il est à son tour assassiné le 10 septembre 1419 lors d’une entrevue à Montereau-Fault-Yonne avec le dauphin Charles VII, s’étant lui-même juré de venger la mort de son oncle Louis d’Orléans.
3) L’occupation anglaise

Le conflit avec l’Angleterre s’est apaisé à la seconde moitié du XIV° siècle car chaque pays est sujet à des troubles internes. En Angleterre, dans les années 1380, sous le règne du jeune Richard II (1377-1400), les Lords Appelants, menés surtout par le comte d’Arundel, le duc de Gloucester Thomas de Woodstock et le comte de Warwick, accusent les proches du roi d’entreprendre une mauvaise politique. Après avoir cédé à leurs plaintes, Richard II devient peu à peu un roi tyrannique, faisant arrêter, exécuter ou exiler ses adversaires. Il est renversé par un coup d’Etat en 1400. Henri de Lancastre, prince de sang royal, devient alors Henri IV (1400-1413). Ce dernier relance les conflits avec la France sous son règne.

Henri V (1413-1422) poursuit officiellement la guerre contre la France. Son armée rencontre l’armée française à Azincourt le 25 octobre 1415. L’arc long est surtout employé par les Anglais, qui se sont entraînés à tirer environ dix flèches par minute. Du côté des Français, on préfère l’arbalète, le carreau ayant un coefficient de pénétration plus fort, mais d’une durée de recharge assez longue (environ une minute). De plus les archers anglais sont retranchés derrière des pieux. Les cavaliers français chargent. La bataille se solde par un désastre français. On compte plus de 3000 morts pour la France. La plupart des nobles sont capturés et Henri V exige des rançons exorbitantes. Il fait exécuter quinze baillis, alors qu’on en compte 25 au total pour la France.  

Le traité de Troyes, signé le 21 mai 1420, accorde la régence à Henri V, qui épouse Catherine, la fille de Charles VI. Ainsi, leur fils deviendrait le roi de France et d’Angleterre. La France est alors divisée en trois parties :
-la partie anglaise, couvrant la Guyenne, la Normandie, la Bretagne et le Vexin.
-la partie bourguignonne.
-la partie sud sous l’autorité du dauphin, ce qu’on appelle le royaume de Bourges.


La France divisée en 1420.
En bleu, le royaume de Bourges ; en rouge, le royaume d’Angleterre ; en violet, la partie bourguignonne.




Pour lire la troisième partie, cliquez ici.
 



[1] Chroniques de Sire Jean Froissart, revues par Buchon, 1835.

mercredi 30 mai 2018

Le Moyen Âge Tardif (ou Bas Moyen-Âge) (1337-1492) - Première partie : le temps des grands malheurs

Le Moyen Âge Tardif est une période plutôt sombre, caractérisée par des crises en Europe, notamment en France :
-crise politique : la France est en conflit avec l’Angleterre. Au sein du royaume, deux factions se forment : les Armagnacs, partisans d’une monarchie forte, souhaitant accroître les impôts ; et les Bourguignons, contre les abus de pouvoir des officiers royaux, exigeant la diminution du poids des impôts et l’institution d’une négociation entre le pouvoir royal et les Etats généraux[1].
-crise démographique : plusieurs facteurs sont en cause, particulièrement la guerre, la guerre civile, les épidémies dont la Peste Noire, qui a fait des ravages dans les populations, etc.
-crise économique
-crise religieuse : ce qu’on appelle le Grand Schisme d’Occident qui dure de 1378 à 1417. L’Eglise catholique se retrouve avec deux papes, l’un à Avignon, l’autre à Rome.

Plusieurs dates peuvent marquer la fin du Moyen Âge :
-1453, la fin de facto, de la Guerre de Cent Ans, mais aussi la prise de Constantinople par les Turcs, signant la fin de l’Empire Byzantin et l’émergence de l’Empire Ottoman. Par ailleurs, le développement des armes à feu rendent les armures et les châteaux en pierre désormais inefficaces.

-1492, c’est d’abord la fin de la Reconquista espagnole. La prise de Grenade marque la fin de l’occupation sarrasine en Espagne. C’est également l’année où le navigateur génois Christophe Colomb, au service des Rois d’Espagne, débarque aux Amériques. C’est le début de la Conquista, la colonisation d’abord espagnole puis européenne du « Nouveau Monde ».


A) Le temps des grands malheurs

1) La Guerre de Cent Ans

En 1328, la crise entre la France et l’Angleterre semble terminée. Elle éclate toutefois en 1337, lorsqu'Edouard III refuse de prêter hommage à Philippe VI, qui décide de lui confisquer la Guyenne. Le roi d’Angleterre revendique alors la couronne de France et déclare la guerre à « Philippe de Valois, qui se prétend roi de France[2] ». Si la France, en termes de superficie, de population et de ressources, a l’avantage par rapport à l’Angleterre, il en est autrement pour ce qui est de la force militaire. L’armée anglaise est une armée expérimentée, déjà partie en expédition contre les Gallois et les Ecossais. Elle comporte notamment des soldats professionnels et volontaires. L’armée française obéit toujours à la pratique de l’ost : 40 jours de service militaire obligatoire ; au-delà de ces 40 jours, les soldats peuvent rentrer.

Les Flamands s’allient avec l’Angleterre à partir de 1339. Philippe VI tente de reconquérir la Flandre. Mais en juin 1340, lors de la bataille maritime de l’Ecluse, les Français sont battus. Après avoir débarqué en Normandie, le roi d'Angleterre entreprend une chevauchée s’étendant jusqu’à Paris en juillet 1346. Les deux armées se rencontrent à Crécy-en-Ponthieu le 25 août. Cette bataille se solde à nouveau par un échec français. Calais tombe alors entre les mains des Anglais. Six bourgeois de la ville remettent les clefs de la ville et acceptent de se sacrifier pour que la population soit épargnée. La reine consort Philippa de Hainaut parvient toutefois à faire changer d’avis son époux Edouard III, qui épargne la vie des six bourgeois.

Après une période de trêve entre 1348 et 1355, causée par la Peste Noire, le Prince Noir, héritier de la couronne d’Angleterre, entreprend une chevauchée vers le Languedoc, aboutissant à la défaite française de Poitiers le 7 septembre 1356. Jean II le Bon (1350-1364), le nouveau roi de France, est fait prisonnier. En échange de 4 millions d’écus (réduit finalement à 3 millions d’écus) et de nombreux territoires, le roi est libéré.

La France en 1365. En bleu, le royaume de France ;
en rouge, le royaume d’Angleterre.


2) La Peste Noire

Provenant de l’Asie centrale, la Peste Noire arrive en 1347 dans le monde méditerranéen, atteignant d’abord les ports. De Marseille, elle se propage jusqu’en Angleterre à partir de 1348 avant d’atteindre toute l’Europe en 1350.

La bactérie Yersinia pestis est responsable de la maladie. Elle est transmise par la puce de rat, qui peut piquer l’homme.
Des plaques noires apparaissent non seulement autour de la piqûre mais également dans différentes parties du corps. L’infecté est frappé par ailleurs de fièvre et de troubles nerveux. La mortalité survient quelques jours. C’est la phase bubonique.
Cette phase peut ensuite évoluer en une forme septicémique : le sang est infecté, la mort survient rapidement.
Les poumons sont également infectés, rendant les malades très contagieux.

Selon le chroniqueur contemporain Jean Froissart, la peste aurait décimée 1/3 de la population européenne. Certaines zones sont épargnées, comme les Alpes et les Pyrénées. La mort, vue de partout, frappant aussi bien le riche que le pauvre, devient par conséquent une obsession. Les danses macabres et les artes moriendi (des manuels sur « l’art de bien mourir ». ) apparaissent. Les fidèles voient en cette période le début de l’Apocalypse. Les pénitences se multiplient. Un mouvement flagellant massif survient entre 1348 et 1349, mais est rapidement condamné par le pape Clément VI, percevant ces mouvements dangereux puisqu'ils adoptent un ton anticlérical.

L’épidémie réapparaît épisodiquement, environ tous les quinze ans, mais de manière atténuée. Elle a atteint son apogée entre 1347 et 1350 et plus faiblement entre 1360 et 1363. 


3) La crise économique

Une forte croissance démographique a marqué le XIII° siècle, du fait d’un taux de natalité fort. En conséquence, il faut nourrir plus de personnes alors que les subsistances tendent au contraire à diminuer. L’agriculture ne connaît plus d’innovation ; l’économie céréalière, dépendant grandement du temps, est fragile. Les accidents météorologiques s’accentuent : à cause d’étés pluvieux et des hivers longs, les récoltes sont mauvaises, entraînant des disettes. Les prix augmentent par conséquent, provoquant un cercle vicieux (accentuant les disettes, donc les gens souffrent de malnutrition et sont plus en proie aux maladies).



Pour lire la deuxième partie, cliquez ici.
 


[1] Assemblée extraordinaire réunie à la demande du roi pour traiter d’une crise politique. Créée par Philippe IV le Bel en 1302.
[2] Selon Jean Froissart, l’entête du message d’Edouard III à Philippe VI en 1337.