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mercredi 27 juin 2018

Le Moyen Âge Tardif (ou Bas Moyen Âge) (1337-1492) - Deuxième partie : le royaume de France divisé

Pour lire la première partie du chapitre, cliquez ici.
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B) La France divisée

1) Les réformes de Charles V (1364-1380)

A la fin du règne de Jean II le Bon, le royaume est confronté à plusieurs troubles, dont la révolte menée par le prévôt des marchands Etienne Marcel à Paris en 1356. Celui-ci soutient la faction de Charles le Mauvais, prétendant au trône par sa mère Jeanne de Navarre, fille de Louis X. Après le massacre de maréchaux, le dauphin Charles quitte la capitale avant d’en faire le siège. Etienne Marcel fait appel aux Jacques (paysans révoltés) et à des mercenaires, qui font rapidement peur aux Parisiens. La révolte prend fin avec l’assassinat d’Etienne Marcel le 31 juillet 1358 et l’entrée triomphale du dauphin dans la capitale le 2 août. Il épargne la population parisienne, faisant exécuter seulement quinze personnes pour trahison.
Sous son règne, Charles V entreprend de nombreuses réformes militaires, en faisant notamment recruter des compagnies soldées, comme en Angleterre. En outre, l’armée est commandée par un brillant stratège, Bertrand Du Guesclin, qui parvient à reprendre pour la France un certain nombre de villes tels Blois, Périgord et Quierzy.
2) Les factions Armagnacs et Bourguignons

Pendant la minorité de Charles VI (1380-1422), deux partis se forment progressivement :
-le parti Armagnac (appelée ainsi par leurs adversaires), avec à sa tête la maison d’Orléans suivie de princes de sang, que les campagnes soutiennent.
-le parti Bourguignon, avec à sa tête les ducs de Bourgogne, d’abord Philippe le Hardi puis Jean Sans Peur, soutenu par les villes.

En 1392, Charles VI, à la tête d’une troupe marchant en direction de la Bretagne, est apostrophé par un vieillard en haillons dans le Mans : « Ne chevauche pas plus avant, noble roi, tu es trahi ! » Plus tard, alors qu’une chaleur accable les soldats, un page s’endormant sur son cheval lâche sa lance, produisant un terrible fracas. Réveillé en sursaut, Charles VI se croyant menacé par des ennemis s’en prend à son escorte. Alors qu’on parvient à le calmer après qu’il ait tué quatre de ses hommes, il s’évanouit. Le reste de son règne est marqué par une alternance entre crises de folie et périodes de rémission.

Sa folie s’aggrave à la suite du Bal des Ardents. Cette fête étant organisée en 1393 à l’Hôtel Saint-Paul à Paris pour les noces d’une demoiselle d’honneur de la reine Isabeau de Bavière, le roi et cinq chevaliers se déguisent en sauvages, déguisement faits en plumes et de poix, tous enchaînés excepté le souverain. Bien qu’on ait ordonné d’éteindre toutes les torches, le duc d’Orléans arrive au milieu du bal avec des torches. Afin de mieux voir les costumes, il s’approche des danseurs, mettant alors le feu à ces derniers. La duchesse de Berry sauve Charles VI en l’enveloppant dans sa robe tandis que les autres continuent à brûler. Ogier de Nantouillet survit en se libérant de sa chaîne et en se jetant dans un cuvier. Le comte de Joigny meurt sur le coup, tandis qu’Yvain de Foix et Aimery de Poitiers meurent deux jours plus tard. Hugonin de Guisay rend l’âme le troisième jour[1].

Ce conflit entre Armagnacs et Bourguignons dérive en une guerre civile après l’assassinat de Louis duc d’Orléans. Il est à son tour assassiné le 10 septembre 1419 lors d’une entrevue à Montereau-Fault-Yonne avec le dauphin Charles VII, s’étant lui-même juré de venger la mort de son oncle Louis d’Orléans.
3) L’occupation anglaise

Le conflit avec l’Angleterre s’est apaisé à la seconde moitié du XIV° siècle car chaque pays est sujet à des troubles internes. En Angleterre, dans les années 1380, sous le règne du jeune Richard II (1377-1400), les Lords Appelants, menés surtout par le comte d’Arundel, le duc de Gloucester Thomas de Woodstock et le comte de Warwick, accusent les proches du roi d’entreprendre une mauvaise politique. Après avoir cédé à leurs plaintes, Richard II devient peu à peu un roi tyrannique, faisant arrêter, exécuter ou exiler ses adversaires. Il est renversé par un coup d’Etat en 1400. Henri de Lancastre, prince de sang royal, devient alors Henri IV (1400-1413). Ce dernier relance les conflits avec la France sous son règne.

Henri V (1413-1422) poursuit officiellement la guerre contre la France. Son armée rencontre l’armée française à Azincourt le 25 octobre 1415. L’arc long est surtout employé par les Anglais, qui se sont entraînés à tirer environ dix flèches par minute. Du côté des Français, on préfère l’arbalète, le carreau ayant un coefficient de pénétration plus fort, mais d’une durée de recharge assez longue (environ une minute). De plus les archers anglais sont retranchés derrière des pieux. Les cavaliers français chargent. La bataille se solde par un désastre français. On compte plus de 3000 morts pour la France. La plupart des nobles sont capturés et Henri V exige des rançons exorbitantes. Il fait exécuter quinze baillis, alors qu’on en compte 25 au total pour la France.  

Le traité de Troyes, signé le 21 mai 1420, accorde la régence à Henri V, qui épouse Catherine, la fille de Charles VI. Ainsi, leur fils deviendrait le roi de France et d’Angleterre. La France est alors divisée en trois parties :
-la partie anglaise, couvrant la Guyenne, la Normandie, la Bretagne et le Vexin.
-la partie bourguignonne.
-la partie sud sous l’autorité du dauphin, ce qu’on appelle le royaume de Bourges.


La France divisée en 1420.
En bleu, le royaume de Bourges ; en rouge, le royaume d’Angleterre ; en violet, la partie bourguignonne.




Pour lire la troisième partie, cliquez ici.
 



[1] Chroniques de Sire Jean Froissart, revues par Buchon, 1835.

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