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mardi 23 janvier 2018

Antiquité - Seconde partie : la Gaule romaine

Pour lire la première partie du chapitre, cliquez ici.
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B) La romanisation de la Gaule (Ier siècle avant J.-C. – IVème siècle de notre ère)
1) Situation de la région à l’époque impériale
Sous l’Empire romain (à partir de -27), la Gaule est divisée en quatre provinces : la Gaule Narbonnaise au sud, la Gaule Belgique au nord-est, la Gaule Lyonnaise s’étendant de la Bretagne au Rhône et l’Aquitaine à l’ouest. Toutes ces provinces excepté la Gaule Narbonnaise sont impériales : des gouverneurs y représentent l’empereur et elles possèdent des garnisons importantes du fait de leur proximité aux frontières. Les provinces dites « sénatoriales » sont quant à elles pacifiées. Lugdunum devient dès lors la capitale des trois Gaules.
La pax romana règne généralement en Gaule : excepté certaines révoltes isolées, comme celle des Eduens en 21 après J.-C. – la cause principale étant l’adoption de nouvelles mesures financières sous Tibère – ou celle causée après la mort de Néron et à l’époque des guerres civiles en 70.
En 260, après la capture de l’empereur Valérien par les Perses, l’un des généraux romains dirigeant les troupes en Germanie prend le pouvoir, se proclamant empereur. Cet usurpateur, Postumus, étend son pouvoir des Gaules jusqu’à la Bretagne pendant environ une décennie. Mourant en juin 269, massacré par ses propres troupes, plusieurs généraux lui succèdent. C’est l’empereur Aurélien qui met définitivement fin à cette usurpation en 273 : ce dernier mène une expédition de reconquête qui aboutit en 274. L’usurpateur Tetricus capitule, se soumettant à l’empereur. Ce dernier le fait marcher comme vaincu lors de son triomphe à Rome mais lui pardonne et le réintègre dans le Sénat romain.
La Gaule fait partie de l’Empire romain d’Occident – composé en outre de la Bretagne, l’Italie, de l’Hispanie, de la Maurétanie et de la Numidie – créé suite au partage de l’empire en deux entités en 395, après la mort de Théodose Ier.
2) Les changements profonds de la société
Généralement, les populations gauloises se sont soumises à l’occupant. Elles font importer des produits romains tels l’huile d’olive et le marbre. Les exportations – ventes de marchandises ; ex : céramique, bijoux, vins, etc. – se sont ainsi accrues. 
La romanisation s’effectue alors assez rapidement. Les Gaulois assimilent leurs dieux aux équivalents romains. De nouvelles villes sont fondées, par exemple Augustodunum, aujourd'hui Autun dans le département de Saône-et-Loire, sous le règne du premier empereur, Auguste (-27/14).
Le christianisme se diffuse clandestinement à travers l’Empire romain. Les autorités tolèrent cette religion perçue alors comme une secte, avec une relative méfiance aux premiers siècles. Sous le règne de Marc-Aurèle (161-180), des persécutions ont néanmoins lieu. Les Romains reprochent notamment aux chrétiens le refus d’effectuer des sacrifices pour les dieux, brisant la pax deorum : ils croient en effet que les dieux, bons avec les hommes, protègent Rome. Si des calamités se produisent – par exemple des famines, des invasions étrangères, etc. – , cette pax deorum est considérée rompue car les dieux veulent punir les Romains. Par leur refus de vénérer plusieurs dieux, les chrétiens sont considérés comme la cause des malheurs. La persécution la plus célèbre en Gaule est celle de Lugdunum, en été 177. Sur un total de 47 chrétiens, certains meurent en prison, d’autres sont décapités, et six sont livrés aux fauves dans l’amphithéâtre des Trois Gaules. Sainte Blandine, esclave romaine chrétienne, est livrée aux bêtes qui l’ignorent, puis torturée, enfin égorgée par un gladiateur à la fin des jeux en août 177.
Selon la position des empereurs à l’égard du christianisme, les chrétiens sont par la suite tantôt tolérés, tantôt persécutés. Avant sa mort, l’empereur Galère, qui a mené une politique active de persécution contre les chrétiens, promulgue un édit reconnaissant le christianisme comme religion admise dans l’Empire romain, en 311. En 313, l’empereur Constantin (306-337), après avoir eu une vision du Dieu des Chrétiens à la veille de la bataille du Pont Milvius[1] (28 octobre 312), décrète l’édit de Milan, qui met fin aux persécutions chrétiennes et tolère définitivement la religion chrétienne dans tout l’Empire romain, y compris en Gaule. Les chrétiens ont désormais le droit de construire des églises[2]. En outre, les citoyens de l’Empire ne sont plus contraints à vénérer le culte impérial.
Théodose (379-395) proclame le christianisme comme seule religion officielle de l’Empire romain, les religions païennes sont désormais interdites[3].




[1] Lactance, De la mort des persécuteurs, XLIV : « Constantin, averti en songe de faire peindre sur les boucliers de ses soldats le signe adorable de la croix, et d'engager ensuite le combat, obéit, et fit peindre sur ses boucliers un X, avec un accent circonflexe qui signifie Jésus-Christ. Ses troupes fortifiées de cette armure céleste se préparèrent à la bataille. »
[2] Lactance, op. cit., XLVIII, 2-13 : « Moi, Constantin Auguste, ainsi que moi, Licinius Auguste, réunis heureusement à Milan, […] nous avons cru devoir régler en tout premier lieu, entre autres dispositions de nature à assurer, selon nous, le bien de la majorité, celles sur lesquelles repose le respect de la divinité, c'est-à-dire donner aux Chrétiens comme à tous, la liberté et la possibilité de suivre la religion de leur choix […]
De plus, en ce qui concerne la communauté des Chrétiens, voici ce que nous avons cru devoir décider : les locaux où les Chrétiens avaient auparavant l'habitude de se réunir […] doivent leur être rendus sans paiement et sans aucune exigence d'indemnisation, toute duperie et toute équivoque étant hors de question, par ceux qui sont réputés les avoir achetés antérieurement, soit à notre trésor, soit par n'importe quel autre intermédiaire.  »
[3] L’Edit de Thessalonique par l’empereur romain Théodose, 380 : « Nous voulons que tous les peuples que régit la modération de Notre Clémence s’engagent dans cette religion que le divin Pierre Apôtre a donné aux Romains […] [et] nous croyons en l’unique Divinité du Père et du Fils et du Saint-Esprit, dans une égale majesté et une pieuse Trinité. Nous ordonnons que ceux qui suivent cette loi prennent le nom de Chrétiens Catholiques et que les autres, que nous jugeons déments et insensés, assument l’infamie de l’hérésie. »

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