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B) La dynastie des Mérovingiens (V°-VIII° siècle)
Le terme « mérovingiens » provient de Mérovée, grand-père semi-mythique de Clovis (littéralement,
« le combattant réputé »).
1) Une période de conflits familiaux
Le royaume franc, ayant annexé la Burgondie (ou
Bourgogne) en 533 et la Provence en 536, est réunifié après la mort des frères
de Clotaire Ier. En 561 a lieu un nouveau partage entre ses fils : Caribert
reçoit le royaume de Paris (en jaune), Gontran reçoit la Bourgogne ainsi qu’une
partie du royaume d’Orléans (en vert), Sigebert Ier celui de Reims (bleu), et
Chilpéric Ier celui de Soissons (en rouge).
Caribert meurt prématurément en 567, les trois autres
frères se partagent donc son royaume.
La deuxième moitié du VI° siècle est profondément
marqué par une querelle familiale entre Sigebert et Chilpéric. La maîtresse de
ce dernier, Frédégonde, fait assassiner son épouse Galswinthe, une princesse
wisigothique. L’épouse de Sigebert lui demande que ce meurtre soit réparé par
une compensation (elle était la sœur de Galswinthe). Chilpéric ne respecte pas
ses engagements, déclenchant ainsi une guerre fratricide. En 575, Sigebert Ier
est assassiné. Son fils Childebert II devient roi d’Austrasie (région nord-est
de France).
A son tour, Chilpéric meurt assassiné en 584. On
soupçonne Brunehaut d’avoir organisé cet assassinat. En 596, le fils de
Sigebert, Childebert II, meurt empoisonné. Ce meurtre est sans doute commandité
par Frédégonde. Cette faide[1] se
termine avec l’exécution de Brunehaut par Clotaire II en 613. Celui-ci réunifie
à nouveau le royaume des Francs, récupérant l’Austrasie (nord-est de la France), la Neustrie
(nord-ouest) et la Bourgogne.
Le règne de son fils Dagobert Ier (629-639) marque cependant
une période de paix et d’apogée du royaume franc. Sur des monnaies, il est
représenté en romain, avec les cheveux courts, portant un diadème et le manteau
impérial.
A cette période, le palais devient une véritable
école de cadres. Des enfants d’élites y sont envoyés pour recevoir une
excellente éducation : ce sont les « nourris » (nutriti) du roi, c’est-à-dire ses amis.
Ce système sert notamment à former des évêques et des abbés. C’est le cas de
Rusticus, évêque de Rodez, déjà sous le règne de Clotaire II. Ouen devient
quant à lui évêque de Rouen.
2) Les « rois fainéants »
Après la mort de Dagobert Ier, le royaume est à
nouveau divisé en trois royaumes : la Neustrie, l’Austrasie et la
Bourgogne. Sigebert III obtient seulement l’Austrasie, Clovis II reçoit la
Neustrie et la Bourgogne. Ils sont toutefois jeunes pour pouvoir régner. En
Austrasie, le maire du palais gouverne au nom de Sigebert III alors qu'en Neustrie, la
reine règne. La Bourgogne est quant à elle régie par l’aristocratie locale. C’est une
période d’instabilité où se succèdent coups de force, exils, meurtres, etc.
A la mort de Sigebert III en 656, le majordomus (maire du palais) Grimoald[2]
impose son fils Childebert, fils adoptif de Sigebert III, comme roi d’Austrasie[3]. Sigebert
a cependant un fils légitime, Dagobert II. Grimoald le fait exiler dans un
monastère, mais lui et Childebert III sont tués peu après en Neustrie. Childéric
II, fils de Clovis II, devient roi d’Austrasie à partir de 662, puis devient
roi de tous les Francs entre 673 et 675. Il finit assassiné. Dagobert II lui
succède, mais il est également assassiné, trois ans plus tard.
Du fait des troubles internes, les rois ne mènent
plus de campagnes d’expansion. Ils offrent des terres aux nobles. Ces derniers
deviennent ainsi plus influents et se créent des réseaux, se trouvant des fidèles et contribuant à la naissance de la vassalité[4].
3) L’avènement d’une nouvelle dynastie
Le pouvoir royal s’affaiblit progressivement au
profit des maires du palais, en particulier la famille des Pippinides.
Charles de Herstal (686-741), dit postérieurement
« le Martel », devient maire du palais d’Austrasie en 717 après avoir
vaincu les Neustriens de Chilpéric II (à Amblève en 716 et à Vinchy en 717).
Au sud, les Maures s’avancent progressivement. En
711, ils se sont emparés de la péninsule ibérique (Espagne et Portugal). En 720, ils ont envahi la
Septimanie (Languedoc actuelle). Carcassonne est prise en 724, puis vient le
tour d’Autun en 725. Le roi Eudes d’Aquitaine est vaincu en 732.
Charles Martel repousse les envahisseurs le 25 octobre de la même année à Poitiers,
puis reconquiert l’Aquitaine, la Bourgogne, la Provence et la Septimanie.
Son fils Pépin III, dit postérieurement le Bref,
maire du palais d’Austrasie, partage le pouvoir avec son frère Carloman. Après
avoir écrasé les révoltes locales, ils rétablissent la dynastie mérovingienne
en plaçant sur le trône Childéric III. Luttant contre le paganisme, ils
affermissent les relations avec la papauté – le pape étant l'autorité suprême de l’Eglise catholique,
l’évêque de Rome – et entreprennent des réformes sur les institutions
ecclésiastiques. Par exemple, les clercs ne peuvent plus porter d’arme et ne
doivent plus combattre, ni chasser, ni habiter avec une femme ou mener une vie
dissolue. On prévoit des peines sévères : les prêtres ne respectant pas
ces consignes sont emprisonnés, les moniales sont tondues, etc.
Carloman abdique en 747, laissant Pépin seul maître
du monde d’Occident. Il demande le soutien au pape Zacharie afin de déposer
Childéric III. Le souverain pontife lui répond favorablement[5],
cherchant désespérément un allié puissant pour battre les Lombards en Italie. Pépin
dépose aussitôt Childéric et le fait tondre avant de l’exiler dans un
monastère. En 751 il se fait élire roi par les Grands du royaume franc et se
fait sacrer par les évêques.
Le nouveau roi aide le pape à repousser les
Lombards. Il lance également plusieurs campagnes militaires contre les
musulmans. Il parvient alors à étendre son empire jusqu’aux Pyrénées.
Il poursuit les réformes ecclésiastiques : par
exemple, il met en place la dîme[6]. Le
culte est enfin romanisé.
Le royaume franc rayonne sur l’Europe :
l’empereur byzantin Constantin V envoie des émissaires et des théologiens à la
cour de Pépin. Les califes abbassides entretiennent également des relations
cordiales avec le roi franc.
Pépin meurt en 768, cédant le pouvoir à ses deux
fils, Carloman et Charles.
Pour lire la troisième partie, cliquez ici.
[1] Pratique germanique qui désigne un système de vengeance privé entre deux familles. Si un membre d’une famille est tué, cette famille a le droit mais surtout le devoir de vengeance sur le meurtrier ou ses parents. C’est un des moyens de régler les conflits entre différents clans.
[2] Ce personnage est issu d’une famille aristocratique, les Pippinides (du nom de l’ancêtre Pépin de Landen). Nous traiterons de cette famille très importante dans l’histoire à la troisième section.
[3] Selon l’auteur du Liber Historiae Francorum (Livre d’Histoire des Francs).
[4] Le vassal ou vassus (le petit) fait hommage à un homme plus puissant. Il entre à son service afin de bénéficier de sa protection.
[5] Il écrit notamment : « celui qui exerce véritablement le pouvoir porte le titre de roi ».
[6] Impôt en nature : les paysans remettent 10% des récoltes aux ecclésiastiques.
[2] Ce personnage est issu d’une famille aristocratique, les Pippinides (du nom de l’ancêtre Pépin de Landen). Nous traiterons de cette famille très importante dans l’histoire à la troisième section.
[3] Selon l’auteur du Liber Historiae Francorum (Livre d’Histoire des Francs).
[4] Le vassal ou vassus (le petit) fait hommage à un homme plus puissant. Il entre à son service afin de bénéficier de sa protection.
[5] Il écrit notamment : « celui qui exerce véritablement le pouvoir porte le titre de roi ».
[6] Impôt en nature : les paysans remettent 10% des récoltes aux ecclésiastiques.