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lundi 26 février 2018

Le Haut Moyen Âge (476-987) - Deuxième partie : les Mérovingiens

Pour lire la première partie du chapitre, cliquez ici.
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B) La dynastie des Mérovingiens (V°-VIII° siècle)

Le terme « mérovingiens » provient de Mérovée, grand-père semi-mythique de Clovis (littéralement, « le combattant réputé »).


1) Une période de conflits familiaux

Le royaume franc, ayant annexé la Burgondie (ou Bourgogne) en 533 et la Provence en 536, est réunifié après la mort des frères de Clotaire Ier. En 561 a lieu un nouveau partage entre ses fils : Caribert reçoit le royaume de Paris (en jaune), Gontran reçoit la Bourgogne ainsi qu’une partie du royaume d’Orléans (en vert), Sigebert Ier celui de Reims (bleu), et Chilpéric Ier celui de Soissons (en rouge).


Caribert meurt prématurément en 567, les trois autres frères se partagent donc son royaume.


La deuxième moitié du VI° siècle est profondément marqué par une querelle familiale entre Sigebert et Chilpéric. La maîtresse de ce dernier, Frédégonde, fait assassiner son épouse Galswinthe, une princesse wisigothique. L’épouse de Sigebert lui demande que ce meurtre soit réparé par une compensation (elle était la sœur de Galswinthe). Chilpéric ne respecte pas ses engagements, déclenchant ainsi une guerre fratricide. En 575, Sigebert Ier est assassiné. Son fils Childebert II devient roi d’Austrasie (région nord-est de France).

A son tour, Chilpéric meurt assassiné en 584. On soupçonne Brunehaut d’avoir organisé cet assassinat. En 596, le fils de Sigebert, Childebert II, meurt empoisonné. Ce meurtre est sans doute commandité par Frédégonde. Cette faide[1] se termine avec l’exécution de Brunehaut par Clotaire II en 613. Celui-ci réunifie à nouveau le royaume des Francs, récupérant l’Austrasie (nord-est de la France), la Neustrie (nord-ouest) et la Bourgogne.

Le règne de son fils Dagobert Ier (629-639) marque cependant une période de paix et d’apogée du royaume franc. Sur des monnaies, il est représenté en romain, avec les cheveux courts, portant un diadème et le manteau impérial.
A cette période, le palais devient une véritable école de cadres. Des enfants d’élites y sont envoyés pour recevoir une excellente éducation : ce sont les « nourris » (nutriti) du roi, c’est-à-dire ses amis. Ce système sert notamment à former des évêques et des abbés. C’est le cas de Rusticus, évêque de Rodez, déjà sous le règne de Clotaire II. Ouen devient quant à lui évêque de Rouen.


2) Les « rois fainéants »

Après la mort de Dagobert Ier, le royaume est à nouveau divisé en trois royaumes : la Neustrie, l’Austrasie et la Bourgogne. Sigebert III obtient seulement l’Austrasie, Clovis II reçoit la Neustrie et la Bourgogne. Ils sont toutefois jeunes pour pouvoir régner. En Austrasie, le maire du palais gouverne au nom de Sigebert III alors qu'en Neustrie, la reine règne. La Bourgogne est quant à elle régie par l’aristocratie locale. C’est une période d’instabilité où se succèdent coups de force, exils, meurtres, etc.

A la mort de Sigebert III en 656, le majordomus (maire du palais) Grimoald[2] impose son fils Childebert, fils adoptif de Sigebert III, comme roi d’Austrasie[3]. Sigebert a cependant un fils légitime, Dagobert II. Grimoald le fait exiler dans un monastère, mais lui et Childebert III sont tués peu après en Neustrie. Childéric II, fils de Clovis II, devient roi d’Austrasie à partir de 662, puis devient roi de tous les Francs entre 673 et 675. Il finit assassiné. Dagobert II lui succède, mais il est également assassiné, trois ans plus tard.

Du fait des troubles internes, les rois ne mènent plus de campagnes d’expansion. Ils offrent des terres aux nobles. Ces derniers deviennent ainsi plus influents et se créent des réseaux, se trouvant des fidèles et contribuant à la naissance de la vassalité[4].


3) L’avènement d’une nouvelle dynastie

Le pouvoir royal s’affaiblit progressivement au profit des maires du palais, en particulier la famille des Pippinides.
Charles de Herstal (686-741), dit postérieurement « le Martel », devient maire du palais d’Austrasie en 717 après avoir vaincu les Neustriens de Chilpéric II (à Amblève en 716 et à Vinchy en 717).
Au sud, les Maures s’avancent progressivement. En 711, ils se sont emparés de la péninsule ibérique (Espagne et Portugal). En 720, ils ont envahi la Septimanie (Languedoc actuelle). Carcassonne est prise en 724, puis vient le tour d’Autun en 725. Le roi Eudes d’Aquitaine est vaincu en 732. Charles Martel repousse les envahisseurs le 25 octobre de la même année à Poitiers, puis reconquiert l’Aquitaine, la Bourgogne, la Provence et la Septimanie.

Son fils Pépin III, dit postérieurement le Bref, maire du palais d’Austrasie, partage le pouvoir avec son frère Carloman. Après avoir écrasé les révoltes locales, ils rétablissent la dynastie mérovingienne en plaçant sur le trône Childéric III. Luttant contre le paganisme, ils affermissent les relations avec la papauté – le pape étant l'autorité suprême de l’Eglise catholique, l’évêque de Rome – et entreprennent des réformes sur les institutions ecclésiastiques. Par exemple, les clercs ne peuvent plus porter d’arme et ne doivent plus combattre, ni chasser, ni habiter avec une femme ou mener une vie dissolue. On prévoit des peines sévères : les prêtres ne respectant pas ces consignes sont emprisonnés, les moniales sont tondues, etc.

Carloman abdique en 747, laissant Pépin seul maître du monde d’Occident. Il demande le soutien au pape Zacharie afin de déposer Childéric III. Le souverain pontife lui répond favorablement[5], cherchant désespérément un allié puissant pour battre les Lombards en Italie. Pépin dépose aussitôt Childéric et le fait tondre avant de l’exiler dans un monastère. En 751 il se fait élire roi par les Grands du royaume franc et se fait sacrer par les évêques.

Le nouveau roi aide le pape à repousser les Lombards. Il lance également plusieurs campagnes militaires contre les musulmans. Il parvient alors à étendre son empire jusqu’aux Pyrénées.
Il poursuit les réformes ecclésiastiques : par exemple, il met en place la dîme[6]. Le culte est enfin romanisé.

Le royaume franc rayonne sur l’Europe : l’empereur byzantin Constantin V envoie des émissaires et des théologiens à la cour de Pépin. Les califes abbassides entretiennent également des relations cordiales avec le roi franc.

Pépin meurt en 768, cédant le pouvoir à ses deux fils, Carloman et Charles.


Pour lire la troisième partie, cliquez ici.



[1] Pratique germanique qui désigne un système de vengeance privé entre deux familles. Si un membre d’une famille est tué, cette famille a le droit mais surtout le devoir de vengeance sur le meurtrier ou ses parents. C’est un des moyens de régler les conflits entre différents clans.
[2] Ce personnage est issu d’une famille aristocratique, les Pippinides (du nom de l’ancêtre Pépin de Landen). Nous traiterons de cette famille très importante dans l’histoire à la troisième section.
[3] Selon l’auteur du Liber Historiae Francorum (Livre d’Histoire des Francs).
[4] Le vassal ou vassus (le petit) fait hommage à un homme plus puissant. Il entre à son service afin de bénéficier de sa protection.
[5] Il écrit notamment : « celui qui exerce véritablement le pouvoir porte le titre de roi ».
[6] Impôt en nature : les paysans remettent 10% des récoltes aux ecclésiastiques.

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