La France sort agrandie de la Guerre de Cent Ans. La
place du roi est désormais incontestée : il est empereur dans son royaume,
seul Dieu est supérieur à lui. La monarchie absolue[1] se
met progressivement en place, mais celle-ci s’officialise à partir du XVII°
siècle. L’expression « le roi est mort, vive le roi » apparaît, ce
qui veut dire que la royauté ne meurt jamais et, à la mort d’un monarque, le
pouvoir se transmet automatiquement et continuellement de père en fils, ou à
défaut au plus proche parent mâle (le petit-fils, sinon le frère aîné, sinon encore
un cousin).
Le royaume n’en demeure pas moins homogène. Le
français n’est guère parlé de partout. Dans les campagnes, on parle plutôt dans
des dialectes ou des patois, rendant difficile la communication entre
différentes régions.
Les recettes fiscales sont insuffisantes par rapport
aux dépenses. Par conséquent, la monarchie doit soit augmenter les impôts locaux,
soit emprunter, tout en envisageant de rembourser l’emprunt plus tard, au risque d'accroître la dette.
A) Le règne de
François Ier (1515-1547)
1) Un roi guerrier
A partir de Charles VIII (1483-1498), les souverains
français revendiquent les territoires d’Italie, devenue le théâtre des
opérations françaises depuis 1494, jusqu’à 1559 (on compte ainsi onze guerres
d’Italie au total). Louis XI a hérité des droits sur royaume de Naples après la
mort de René d’Anjou. Au début de son règne, François Ier remporte la célèbre bataille
de Marignan le 14 septembre 1515, à l’issue de laquelle il demande à être armé
chevalier par Bayard, le chevalier sans peur et sans reproche.
Cette victoire lui garantit son emprise sur le
Milanais, tout en abandonnant ses droits au royaume de Naples. Charles Quint,
qui revendique les droits sur la Bourgogne, souhaite contrecarrer les ambitions
expansionnistes de François Ier. Ce conflit entre Valois et Habsbourg dure
jusqu’en 1559.
En 1525, François Ier tente de reconquérir le
Milanais perdu. Sa campagne aboutit au désastre de Pavie, le 24 février. Il est
emprisonné à Valence, et libéré un an plus tard en échange d’une rançon. Les
deux partis signent la paix de Cambrai en 1529 : François Ier conserve la
Bourgogne, mais renonce à l’Artois, la Flandre, le duché de Milan et le royaume
de Naples, et doit payer 1 000 000 écus en échange de la libération
de ses deux fils.
A partir de 1536, la guerre reprend avec le
Saint-Empire. Le pape Paul III intervient, incitant les deux souverains à faire
la paix, ce qu’ils font le 18 juin 1537 puis le 15 juillet 1538. Le conflit
éclate à nouveau en 1542, aboutissant à la paix en 1544 qui fait renoncer
François Ier à sa suzeraineté sur l’Artois, la Flandre, le Milanais et Naples,
mais conserve la Savoie et le Piémont, tandis que Charles Quint renonce à la
Bourgogne.
2) Un roi de bon vivant
François Ier « mange et boit beaucoup[2] ».
Les repas royaux sont devenus publics sous son règne. Par ailleurs, il se
procure de nombreuses maîtresses, comme Anne de Pisselieu et Françoise de Poix.
Il dit souvent : « Une cour sans femmes, c’est comme un jardin sans
fleurs ». Il participe à la chasse, loisir dont seuls les nobles avaient
le privilège.
Il fait construire ou reconstruire de nombreux
châteaux à des fins résidentielles, tels le château de Chambord dont le plan
est établi par le célèbre peintre, ingénieur et architecte italien Léonard de Vinci, ou
encore celui de Fontainebleau. Il entreprend ainsi de nombreux séjours dans
différents lieux. La cour, suivant le roi, est par conséquent itinérante. Elle
entretient environ des dizaines de milliers de chevaux.
3) Un roi centralisateur
La France en 1500. En bleu, le domaine royal
(comparer sa superficie avec celles de 987 et de 1228). En indigo, les vassaux
du royaume. En rouge, Calais, toujours sous l’occupation anglaise.
Sur la carte ci-dessus, il faut remarquer que le
domaine royal s’est considérablement agrandi, et il grandit encore sous
François Ier, au point que la notion de domaine royal se confond quasiment à
celle du royaume.
Sur le plan religieux, François Ier signe le
concordat de Bologne avec le pape Léon X en 1516. Le roi seul peut nommer les
évêques et les abbés du royaume de France ; ils ne sont plus élus par les
chapitres cathédraux. Cela renforce l’autorité royale, car les ecclésiastiques
doivent leur place à la seule volonté du monarque.
Les curés doivent tenir des registres paroissiaux
recensant les baptêmes, les mariages et les sépultures (BMS).
François Ier fait enfin imposer la langue française dans tout
le territoire français. Par l’édit de Villers Cotterêts, en 1539, le français
devient la langue officielle du royaume. Ainsi, les actes officiels doivent
être écrits en français.
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[1] Régime politique où le roi
exerce la pleine souveraineté de son royaume, tenant son pouvoir de Dieu. Il
doit néanmoins respecter les lois fondamentales du royaume, à savoir la
succession par primogéniture masculine, la préservation de l’intégrité du
territoire (il lui est interdit de vendre ou céder une partie de son royaume),
défendre la foi catholique et respecter les privilèges locales.
[2] Nicolo Tommaseo, Relation des
ambassadeurs vénitiens sur les affaires de France au XVI° siècle, Paris,
Imprimerie Nationale, 1838. Relation de Marino Cavalli.