________________________________
B) La France divisée
1) Les réformes de Charles V (1364-1380)
A la fin du règne de Jean II le Bon, le royaume est confronté
à plusieurs troubles, dont la révolte menée par le prévôt des marchands Etienne
Marcel à Paris en 1356. Celui-ci soutient la faction de Charles le Mauvais,
prétendant au trône par sa mère Jeanne de Navarre, fille de Louis X. Après le
massacre de maréchaux, le dauphin Charles quitte la capitale avant d’en faire
le siège. Etienne Marcel fait appel aux Jacques (paysans révoltés) et à des
mercenaires, qui font rapidement peur aux Parisiens. La révolte prend fin avec
l’assassinat d’Etienne Marcel le 31 juillet 1358 et l’entrée triomphale du dauphin
dans la capitale le 2 août. Il épargne la population parisienne, faisant
exécuter seulement quinze personnes pour trahison.
Sous son règne, Charles V entreprend de nombreuses
réformes militaires, en faisant notamment recruter des compagnies soldées,
comme en Angleterre. En outre, l’armée est commandée par un brillant stratège,
Bertrand Du Guesclin, qui parvient à reprendre pour la France un certain nombre
de villes tels Blois, Périgord et Quierzy.
2) Les factions
Armagnacs et Bourguignons
Pendant la minorité de Charles VI (1380-1422), deux
partis se forment progressivement :
-le parti Armagnac (appelée ainsi par leurs
adversaires), avec à sa tête la maison d’Orléans suivie de princes de sang, que
les campagnes soutiennent.
-le parti Bourguignon, avec à sa tête les ducs de
Bourgogne, d’abord Philippe le Hardi puis Jean Sans Peur, soutenu par les
villes.
En 1392, Charles VI, à la tête d’une troupe marchant en
direction de la Bretagne, est apostrophé par un vieillard en haillons dans le
Mans : « Ne chevauche pas plus avant, noble roi, tu es
trahi ! » Plus tard, alors qu’une chaleur accable les soldats, un
page s’endormant sur son cheval lâche sa lance, produisant un terrible fracas.
Réveillé en sursaut, Charles VI se croyant menacé par des ennemis s’en prend à
son escorte. Alors qu’on parvient à le calmer après qu’il ait tué quatre de ses
hommes, il s’évanouit. Le reste de son règne est marqué par une alternance
entre crises de folie et périodes de rémission.
Sa folie s’aggrave à la suite du Bal des Ardents.
Cette fête étant organisée en 1393 à l’Hôtel Saint-Paul à Paris pour les noces
d’une demoiselle d’honneur de la reine Isabeau de Bavière, le roi et cinq
chevaliers se déguisent en sauvages, déguisement faits en plumes et de poix,
tous enchaînés excepté le souverain. Bien qu’on ait ordonné d’éteindre toutes
les torches, le duc d’Orléans arrive au milieu du bal avec des torches. Afin de
mieux voir les costumes, il s’approche des danseurs, mettant alors le feu à
ces derniers. La duchesse de Berry sauve Charles VI en l’enveloppant dans sa
robe tandis que les autres continuent à brûler. Ogier de Nantouillet survit en
se libérant de sa chaîne et en se jetant dans un cuvier. Le comte de Joigny
meurt sur le coup, tandis qu’Yvain de Foix et Aimery de Poitiers meurent deux
jours plus tard. Hugonin de Guisay rend l’âme le troisième jour[1].
Ce conflit entre Armagnacs et Bourguignons dérive en
une guerre civile après l’assassinat de Louis duc d’Orléans. Il est à son tour
assassiné le 10 septembre 1419 lors d’une entrevue à Montereau-Fault-Yonne avec
le dauphin Charles VII, s’étant lui-même juré de venger la mort de son oncle
Louis d’Orléans.
3) L’occupation
anglaise
Le conflit avec
l’Angleterre s’est apaisé à la seconde moitié du XIV° siècle car chaque pays
est sujet à des troubles internes. En Angleterre, dans les années 1380, sous le
règne du jeune Richard II (1377-1400), les Lords
Appelants, menés surtout par le comte d’Arundel, le duc de Gloucester Thomas
de Woodstock et le comte de Warwick, accusent les proches du roi d’entreprendre
une mauvaise politique. Après avoir cédé à leurs plaintes, Richard II devient peu à peu
un roi tyrannique, faisant arrêter, exécuter ou exiler ses adversaires. Il est
renversé par un coup d’Etat en 1400. Henri de Lancastre, prince de sang royal,
devient alors Henri IV (1400-1413). Ce dernier relance les conflits avec la
France sous son règne.
Henri V
(1413-1422) poursuit officiellement la guerre contre la France. Son armée
rencontre l’armée française à Azincourt le 25 octobre 1415. L’arc long est
surtout employé par les Anglais, qui se sont entraînés à tirer environ dix
flèches par minute. Du côté des Français, on préfère l’arbalète, le carreau
ayant un coefficient de pénétration plus fort, mais d’une durée de recharge
assez longue (environ une minute). De plus les
archers anglais sont retranchés derrière des pieux. Les cavaliers français
chargent. La bataille se solde par un désastre français. On compte plus de 3000
morts pour la France. La plupart des nobles sont capturés et Henri V exige des rançons
exorbitantes. Il fait exécuter quinze baillis, alors qu’on en compte 25 au total
pour la France.
Le traité de
Troyes, signé le 21 mai 1420, accorde la régence à Henri V, qui épouse
Catherine, la fille de Charles VI. Ainsi, leur fils deviendrait le roi de
France et d’Angleterre. La France est alors divisée en trois parties :
-la partie
anglaise, couvrant la Guyenne, la Normandie, la Bretagne et le Vexin.
-la partie
bourguignonne.
-la partie sud
sous l’autorité du dauphin, ce qu’on appelle le royaume de Bourges.
La France
divisée en 1420.
En bleu, le royaume de Bourges ; en rouge, le royaume
d’Angleterre ; en violet, la partie bourguignonne.
[1] Chroniques de Sire Jean Froissart, revues par Buchon, 1835.