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mercredi 30 mai 2018

Le Moyen Âge Tardif (ou Bas Moyen-Âge) (1337-1492) - Première partie : le temps des grands malheurs

Le Moyen Âge Tardif est une période plutôt sombre, caractérisée par des crises en Europe, notamment en France :
-crise politique : la France est en conflit avec l’Angleterre. Au sein du royaume, deux factions se forment : les Armagnacs, partisans d’une monarchie forte, souhaitant accroître les impôts ; et les Bourguignons, contre les abus de pouvoir des officiers royaux, exigeant la diminution du poids des impôts et l’institution d’une négociation entre le pouvoir royal et les Etats généraux[1].
-crise démographique : plusieurs facteurs sont en cause, particulièrement la guerre, la guerre civile, les épidémies dont la Peste Noire, qui a fait des ravages dans les populations, etc.
-crise économique
-crise religieuse : ce qu’on appelle le Grand Schisme d’Occident qui dure de 1378 à 1417. L’Eglise catholique se retrouve avec deux papes, l’un à Avignon, l’autre à Rome.

Plusieurs dates peuvent marquer la fin du Moyen Âge :
-1453, la fin de facto, de la Guerre de Cent Ans, mais aussi la prise de Constantinople par les Turcs, signant la fin de l’Empire Byzantin et l’émergence de l’Empire Ottoman. Par ailleurs, le développement des armes à feu rendent les armures et les châteaux en pierre désormais inefficaces.

-1492, c’est d’abord la fin de la Reconquista espagnole. La prise de Grenade marque la fin de l’occupation sarrasine en Espagne. C’est également l’année où le navigateur génois Christophe Colomb, au service des Rois d’Espagne, débarque aux Amériques. C’est le début de la Conquista, la colonisation d’abord espagnole puis européenne du « Nouveau Monde ».


A) Le temps des grands malheurs

1) La Guerre de Cent Ans

En 1328, la crise entre la France et l’Angleterre semble terminée. Elle éclate toutefois en 1337, lorsqu'Edouard III refuse de prêter hommage à Philippe VI, qui décide de lui confisquer la Guyenne. Le roi d’Angleterre revendique alors la couronne de France et déclare la guerre à « Philippe de Valois, qui se prétend roi de France[2] ». Si la France, en termes de superficie, de population et de ressources, a l’avantage par rapport à l’Angleterre, il en est autrement pour ce qui est de la force militaire. L’armée anglaise est une armée expérimentée, déjà partie en expédition contre les Gallois et les Ecossais. Elle comporte notamment des soldats professionnels et volontaires. L’armée française obéit toujours à la pratique de l’ost : 40 jours de service militaire obligatoire ; au-delà de ces 40 jours, les soldats peuvent rentrer.

Les Flamands s’allient avec l’Angleterre à partir de 1339. Philippe VI tente de reconquérir la Flandre. Mais en juin 1340, lors de la bataille maritime de l’Ecluse, les Français sont battus. Après avoir débarqué en Normandie, le roi d'Angleterre entreprend une chevauchée s’étendant jusqu’à Paris en juillet 1346. Les deux armées se rencontrent à Crécy-en-Ponthieu le 25 août. Cette bataille se solde à nouveau par un échec français. Calais tombe alors entre les mains des Anglais. Six bourgeois de la ville remettent les clefs de la ville et acceptent de se sacrifier pour que la population soit épargnée. La reine consort Philippa de Hainaut parvient toutefois à faire changer d’avis son époux Edouard III, qui épargne la vie des six bourgeois.

Après une période de trêve entre 1348 et 1355, causée par la Peste Noire, le Prince Noir, héritier de la couronne d’Angleterre, entreprend une chevauchée vers le Languedoc, aboutissant à la défaite française de Poitiers le 7 septembre 1356. Jean II le Bon (1350-1364), le nouveau roi de France, est fait prisonnier. En échange de 4 millions d’écus (réduit finalement à 3 millions d’écus) et de nombreux territoires, le roi est libéré.

La France en 1365. En bleu, le royaume de France ;
en rouge, le royaume d’Angleterre.


2) La Peste Noire

Provenant de l’Asie centrale, la Peste Noire arrive en 1347 dans le monde méditerranéen, atteignant d’abord les ports. De Marseille, elle se propage jusqu’en Angleterre à partir de 1348 avant d’atteindre toute l’Europe en 1350.

La bactérie Yersinia pestis est responsable de la maladie. Elle est transmise par la puce de rat, qui peut piquer l’homme.
Des plaques noires apparaissent non seulement autour de la piqûre mais également dans différentes parties du corps. L’infecté est frappé par ailleurs de fièvre et de troubles nerveux. La mortalité survient quelques jours. C’est la phase bubonique.
Cette phase peut ensuite évoluer en une forme septicémique : le sang est infecté, la mort survient rapidement.
Les poumons sont également infectés, rendant les malades très contagieux.

Selon le chroniqueur contemporain Jean Froissart, la peste aurait décimée 1/3 de la population européenne. Certaines zones sont épargnées, comme les Alpes et les Pyrénées. La mort, vue de partout, frappant aussi bien le riche que le pauvre, devient par conséquent une obsession. Les danses macabres et les artes moriendi (des manuels sur « l’art de bien mourir ». ) apparaissent. Les fidèles voient en cette période le début de l’Apocalypse. Les pénitences se multiplient. Un mouvement flagellant massif survient entre 1348 et 1349, mais est rapidement condamné par le pape Clément VI, percevant ces mouvements dangereux puisqu'ils adoptent un ton anticlérical.

L’épidémie réapparaît épisodiquement, environ tous les quinze ans, mais de manière atténuée. Elle a atteint son apogée entre 1347 et 1350 et plus faiblement entre 1360 et 1363. 


3) La crise économique

Une forte croissance démographique a marqué le XIII° siècle, du fait d’un taux de natalité fort. En conséquence, il faut nourrir plus de personnes alors que les subsistances tendent au contraire à diminuer. L’agriculture ne connaît plus d’innovation ; l’économie céréalière, dépendant grandement du temps, est fragile. Les accidents météorologiques s’accentuent : à cause d’étés pluvieux et des hivers longs, les récoltes sont mauvaises, entraînant des disettes. Les prix augmentent par conséquent, provoquant un cercle vicieux (accentuant les disettes, donc les gens souffrent de malnutrition et sont plus en proie aux maladies).



Pour lire la deuxième partie, cliquez ici.
 


[1] Assemblée extraordinaire réunie à la demande du roi pour traiter d’une crise politique. Créée par Philippe IV le Bel en 1302.
[2] Selon Jean Froissart, l’entête du message d’Edouard III à Philippe VI en 1337.