Le Moyen Âge Tardif est une
période plutôt sombre, caractérisée par des crises en Europe, notamment en France :
-crise
politique : la France est en conflit avec l’Angleterre. Au sein du
royaume, deux factions se forment : les Armagnacs, partisans d’une monarchie
forte, souhaitant accroître les impôts ; et les Bourguignons, contre les
abus de pouvoir des officiers royaux, exigeant la diminution du poids des
impôts et l’institution d’une négociation entre le pouvoir royal et les Etats
généraux[1].
-crise
démographique : plusieurs facteurs sont en cause, particulièrement la guerre, la
guerre civile, les épidémies dont la Peste Noire, qui a fait des ravages dans
les populations, etc.
-crise
économique
-crise
religieuse : ce qu’on appelle le Grand Schisme d’Occident qui dure de 1378
à 1417. L’Eglise catholique se retrouve avec deux papes, l’un à Avignon,
l’autre à Rome.
Plusieurs dates
peuvent marquer la fin du Moyen Âge :
-1453, la fin de facto, de la Guerre de Cent Ans, mais aussi la prise de Constantinople par les
Turcs, signant la fin de l’Empire Byzantin et l’émergence de l’Empire Ottoman. Par
ailleurs, le développement des armes à feu rendent les armures et les châteaux
en pierre désormais inefficaces.
-1492, c’est d’abord la fin de la Reconquista espagnole. La prise de Grenade marque la fin de l’occupation sarrasine en Espagne. C’est également l’année où le navigateur génois Christophe Colomb, au service des Rois d’Espagne, débarque aux Amériques. C’est le début de la Conquista, la colonisation d’abord espagnole puis européenne du « Nouveau Monde ».
A) Le temps des grands malheurs
1) La Guerre de Cent Ans
En
1328, la crise entre la France et l’Angleterre semble terminée. Elle éclate
toutefois en 1337, lorsqu'Edouard III refuse de prêter hommage à Philippe VI,
qui décide de lui confisquer la Guyenne. Le roi d’Angleterre revendique alors
la couronne de France et déclare la guerre à « Philippe de Valois, qui se
prétend roi de France[2] ».
Si la France, en termes de superficie, de population et de ressources, a
l’avantage par rapport à l’Angleterre, il en est autrement pour ce qui est de
la force militaire. L’armée anglaise est une armée expérimentée, déjà partie en
expédition contre les Gallois et les Ecossais. Elle comporte notamment des
soldats professionnels et volontaires. L’armée française obéit toujours à la
pratique de l’ost : 40 jours de service militaire obligatoire ;
au-delà de ces 40 jours, les soldats peuvent rentrer.
Les
Flamands s’allient avec l’Angleterre à partir de 1339. Philippe VI tente de
reconquérir la Flandre. Mais en juin 1340, lors de la bataille maritime de
l’Ecluse, les Français sont battus. Après avoir débarqué en Normandie, le roi d'Angleterre
entreprend une chevauchée s’étendant jusqu’à Paris en juillet 1346. Les deux
armées se rencontrent à Crécy-en-Ponthieu le 25 août. Cette bataille se solde à
nouveau par un échec français. Calais tombe alors entre les mains des Anglais. Six
bourgeois de la ville remettent les clefs de la ville et acceptent de se
sacrifier pour que la population soit épargnée. La reine consort Philippa de Hainaut
parvient toutefois à faire changer d’avis son époux Edouard III, qui épargne la
vie des six bourgeois.
Après une
période de trêve entre 1348 et 1355, causée par la Peste Noire, le Prince Noir,
héritier de la couronne d’Angleterre, entreprend une chevauchée vers le
Languedoc, aboutissant à la défaite française de Poitiers le 7 septembre 1356.
Jean II le Bon (1350-1364), le nouveau roi de France, est fait prisonnier. En
échange de 4 millions d’écus (réduit finalement à 3 millions d’écus) et de
nombreux territoires, le roi est libéré.
La France en
1365. En bleu, le royaume de France ;
en rouge, le royaume d’Angleterre.
2) La Peste Noire
Provenant de
l’Asie centrale, la Peste Noire arrive en 1347 dans le monde méditerranéen,
atteignant d’abord les ports. De Marseille, elle se propage jusqu’en Angleterre
à partir de 1348 avant d’atteindre toute l’Europe en 1350.
La bactérie Yersinia pestis est responsable de la
maladie. Elle est transmise par la puce de rat, qui peut piquer l’homme.
Des plaques
noires apparaissent non seulement autour de la piqûre mais également dans
différentes parties du corps. L’infecté est frappé par ailleurs de fièvre et de
troubles nerveux. La mortalité survient quelques jours. C’est la phase
bubonique.
Cette phase peut
ensuite évoluer en une forme septicémique : le sang est infecté, la mort
survient rapidement.
Les poumons sont
également infectés, rendant les malades très contagieux.
Selon le
chroniqueur contemporain Jean Froissart, la peste aurait décimée 1/3 de la
population européenne. Certaines zones sont épargnées, comme les Alpes et les
Pyrénées. La mort, vue de
partout, frappant aussi bien le riche que le pauvre, devient par conséquent une
obsession. Les danses macabres et les artes
moriendi (des manuels sur « l’art de bien mourir ». ) apparaissent. Les fidèles
voient en cette période le début de l’Apocalypse. Les pénitences
se multiplient. Un mouvement flagellant massif survient entre 1348 et 1349,
mais est rapidement condamné par le pape Clément VI, percevant ces mouvements
dangereux puisqu'ils adoptent un ton anticlérical.
L’épidémie
réapparaît épisodiquement, environ tous les quinze ans, mais de manière
atténuée. Elle a atteint son apogée entre 1347 et 1350 et plus faiblement entre
1360 et 1363.
3) La crise économique
Une forte croissance démographique a marqué le XIII° siècle, du fait d’un taux de natalité fort. En conséquence, il faut nourrir plus de personnes alors que les subsistances tendent au contraire à diminuer. L’agriculture ne connaît plus d’innovation ; l’économie céréalière, dépendant grandement du temps, est fragile. Les accidents météorologiques s’accentuent : à cause d’étés pluvieux et des hivers longs, les récoltes sont mauvaises, entraînant des disettes. Les prix augmentent par conséquent, provoquant un cercle vicieux (accentuant les disettes, donc les gens souffrent de malnutrition et sont plus en proie aux maladies).
[1] Assemblée extraordinaire réunie
à la demande du roi pour traiter d’une crise politique. Créée par Philippe IV
le Bel en 1302.
[2] Selon Jean Froissart, l’entête
du message d’Edouard III à Philippe VI en 1337.